Au Japon, les parents s’inquiètent face au nombre d’enfants accros aux jeux vidéo qui ne cesse de croître. Cette addiction au ludiciel est devenue un grave problème social. De plus, hormis la désintoxication numérique, aucune mesure restrictive sérieuse n’a été mise en place par les autorités.
Enfants accros aux jeux vidéo au Japon : un phénomène qui inquiète
Au pays du soleil levant, une recrudescence des enfants accros aux jeux vidéo et à l’exposition aux écrans est palpable. De plus en plus de jeunes se mettent à la « manette » plus tôt et surtout, plus longtemps. Un phénomène de dépendance qui s’est généralisé avec la crise sanitaire liée au Covid-19 ayant réduit leur intérêt et leur pratique d’activités de plein air.
Selon une étude du ministère japonais de l’Education d’avril 2022, 17 % des enfants accros aux jeux vidéo (mmorpg multijoueur par exemple) sont âgés de 6 à 12 ans et jouent plus de 4 heures par jour. On observe plus ou moins les mêmes chiffres pour la tranche d’âge des adolescents de 12 à 15 ans.
Face à ce fléau, les parents nippons ignorent comment réagir à cette pratique excessive et addictive. Ils craignent que leurs petits ne deviennent des joueurs pathologiques dépendants et que cela affecte leur santé mentale. Ils déplorent d’autant plus le laxisme du gouvernement et de l’industrie du gaming sur la question.
Une forme d’addiction reconnue par l’OMS
En dépit de l’excitation et la stimulation cognitive découlant de la pratique vidéoludique, l’Organisation mondiale de la Santé a tout de même reconnu officiellement l’existence d’un trouble lié à la pratique gaming depuis 2019. Cela fait suite aux conséquences négatives notables sur les attitudes comportementales des gamers. Il s’agit d’un problème de forte addiction caractérisée par une perte de contrôle sur le titre vidéoludique. Cette dernière génère alors une dégradation importante des activités sur divers plans et sur une durée d’au moins 12 mois. Cela inclut l’aspect personnel, familial, de la vie sociale, éducatif et même professionnel.
Bien que reconnu, ce trouble d’addiction reste difficile à diagnostiquer vu que les enfants accros aux jeux vidéo s’adonnent parallèlement à d’autres pratiques addictives en ligne. Ils couplent cela à un visionnage de contenus en streaming et à l’usage des réseaux sociaux.
Mesure restrictive et désintoxication numérique : où en sont les autorités ?
Le souci des enfants accros aux jeux vidéo n’est pas propre au Japon. C’est un phénomène addictif touchant de nombreux autres pays d’Asie. Cependant, chaque nation a sa manière d’aborder le problème. Certaines ont notamment des dispositions radicales pour résorber la situation.
En Chine par exemple, cela fait plus d’un an que les mineurs jouant en ligne doivent limiter leur temps d’écran vidéoludique à 3 heures par semaine au maximum. L’Empire Céleste s’assure de la bonne application de cette mesure par des contrôles d’identité avancés, à l’instar de la reconnaissance faciale.
En Corée du Sud, on avait établi une restriction d’usage des pratiques vidéoludiques en ligne des jeunes de moins de 16 ans entre minuit et 6 heures du matin. Cependant, cette mesure fut abandonnée au vu de son inefficacité.
Quant au Japon, aucune mesure restrictive de prévention n’a été établie par le gouvernement.
Un mal-être sous-jacent selon les parents
Nombreux sont les parents et experts à agréer que cette dépendance psychique et excessive relève d’un mal-être profond et une échappatoire salvatrice pour ces enfants accros aux jeux vidéo.
Une mère japonaise témoigne que ce monde virtuel représentait pour sa fille un refuge et une précieuse source de dopamine. Même pour les plus grands, il en va de même. Takahisa Masuda, un travailleur social de 46 ans, confie que son addiction est née quand on le harcelait au collège.
Pour le docteur Susumu Higuchi, directeur d’un centre médical contre les addictions à Kurihama (sud-ouest de Tokyo), l’idéal serait d’offrir un soutien psychologique à ces enfants accros aux jeux vidéo. Au lieu d’une thérapie de sevrage et de désintoxication numérique drastique, on devrait coupler cela à des activités collectives de substitution de type sport, art ou autres. Cela permettrait de briser le cercle vicieux de la dépendance.
Il regrette aussi le manque d’action des autorités, qui, elles, s’investissent davantage dans la promotion des nouveaux titres de grands concepteurs comme Nintendo.
Pour d’autres actualités sur la vie des parents et de l’enfance, suivez-nous sur notre page Instagram Badabim.
Avec ETX Daily Up
Laisser un commentaire