Hommes en crèche : une vocation peu prisée dûe aux stéréotypes

Une éducatrice dans une crèche en train de s’occuper de plusieurs bébés.

Dans le secteur de la petite enfance, il est rare de voir des éducateurs hommes en crèche. Le manque de mixité du personnel est flagrant dans les nurseries. Les recrutements sont en majorité féminins. Peu de candidats masculins sont intéressés dû aux injonctions de genre et aux clichés sociétaux.

Hommes en crèche : une « denrée » rare !

Aujourd’hui à la retraite, Daniel Lefèvre a longtemps travaillé dans le domaine de la petite enfance et il avoue n’avoir jamais eu de collègue ou d’auxiliaire de puériculture masculin. Les hommes en crèche sont très peu représentés dans le métier. Selon un rapport de France Stratégie paru en 2014, seulement 3 % des salariés sont masculins. Et ce chiffre n’a guère évolué avec les années. Or le secteur est en grand besoin de personnel avec 9 000 postes à pourvoir.

Pour l’ex-responsable d’une de ces structures d’accueil, c’est regrettable. Avoir une mixité du personnel est toujours avantageux. Sans compter le fait que les hommes en crèche n’ont pas les mêmes perceptions éducatives que les femmes en matière d’épanouissement, d’éveil, de socialisation et de développement de l’enfant.

Une campagne de recrutement pour enrayer les injonctions de genre

Afin de résorber le manque de personnel dans le secteur de la petite enfance et de la puériculture, l’État français prévoit de lancer une campagne de communication. Il souhaite promouvoir un recrutement à grande échelle qui s’adressera aux candidats tant féminins que masculins titulaires d’un cap petite enfance.

Elisabeth Laithier, présidente du comité chargé de travailler sur le manque d’attractivité des professions de la puériculture et du « prendre soin”, souligne que le but est d’améliorer l’image de ce métier. On cherchera à mettre en avant les attraits des hommes en crèche.

Elle ajoute qu’il faut surtout faire tomber les clichés comme quoi cette vocation du « prendre soin » est purement féminine. Avoir plus d’hommes en crèche permettrait de changer les mentalités sur le long terme et prôner l’égalité des genres. Cela montrerait à la future génération que prendre soin des enfants n’est pas uniquement un travail de femmes.

Mixité du personnel de la petite enfance : qu’en disent les parents ?

Au premier abord, les parents sont pour la plupart décontenancés face à des hommes en crèche ou de halte-garderie. Mike Marchal, un éducateur en nurserie depuis plus de 10 ans, affirme que certains se montrent dubitatifs au début, mais deviennent très vite conciliants. Il explique cette méfiance par une crainte de pédocriminalité. Ce qui fait que les éducateurs de la petite enfance doivent doublement faire leurs preuves pour gagner la confiance des parents.

Aux yeux de certains pères, des hommes en crèche qui prennent soin de leurs jeunes enfants les confortent dans leur désir d’implication. Cela les soulagent aussi de leur manque de présence parental. Dans certains cas, ceux-ci développent une forme de jalousie, souligne M. Marchal.

Pour Jérôme Dumortier, responsable d’un centre associatif de garde et d’accueil des jeunes enfants à Lille, avoir plus d’hommes en crèche ne peut qu’être positif. La gent masculine a notamment ce surprenant don de rassurer un enfant en le prenant dans les bras.

Halte aux clichés sociétaux et identitaires !

Du point de vue de la psychologue Françoise Vouillot, cette disparité dans le métier de la petite enfance est le résultat d’injonctions de genre bien ancrées. Le sexe masculin grandit avec l’idée que les femmes sont douées de « capacités naturelles » pour s’occuper des tout-petits. De plus, la société tient la gent masculine éloignée de tout concept du « prendre soin ». Comment ? Par des stéréotypes imbriqués dans leur esprit dès leur jeune âge. On observe une assignation genrée des jouets et des corvées à la maison par exemple).

Ils sont conditionnés à penser que voir des hommes en crèche est « anormal ». Selon eux, une telle vocation peut mettre à mal leur identité de « mâle dominant » ainsi que leur statut social et économique. Pour cause, beaucoup jugent ce travail peu prestigieux, peu reconnu et surtout moins rémunéré.

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Avec ETX Daily Up

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