Depuis aout 2021, on peut librement demander de congeler ses ovocytes sans raisons médicales en France. La procédure s’est simplifiée pour permettre aux femmes d’anticiper une PMA ultérieure, quand l’horloge maternelle sonnera pour elles et quand elles auront fait fi des injonctions sur la maternité.
Congeler ses ovocytes : un moyen de préserver ses chances de grossesse
Nina, 37 ans, fait partie de ces milliers de femmes qui ont décidé de congeler ses ovocytes et de préserver ses chances pour devenir parent. Avec 15 ovules au frigo, elle peut désormais avancer l’esprit tranquille et chercher l’homme qui deviendra le père de ses enfants à naitre sans stress ni pression.
Plus de 11 000 femmes ont sauté sur l’occasion depuis que la procédure s’est vulgarisée en France en aout 2021. Cependant, cet engouement a saturé le marché. Pendant que les demandes pullulent, les listes d’attente s’allongent.
Une psychologue de Lyon explique que congeler ses ovocytes demeure une assurance de grossesse, bien qu’elle ait failli ne pas y avoir accès. Elle a eu de la chance : en environ 4 mois, sa demande a abouti, juste 2 semaines avant la limite d’âge de 37 ans imposée par la loi. Cela dit, elle a dû se rendre dans un centre spécialisé situé à des centaines de kilomètres pour être prise dans les temps.
Une procédure qui ne nécessite plus de raisons médicales
Jusqu’à août 2021, congeler ses ovocytes n’était accessible que sur raisons médicales : préparation à un traitement anticancéreux, en anticipation à une maladie pouvant altérer la fertilité féminine…
Depuis cette date, la procédure est devenue accessible à toutes les femmes, sans justification médicale. Elles peuvent ainsi choisir de préserver leur fertilité par la cryoconservation de leurs ovules à cause de leur baisse de fécondité avec l’âge. Cette option leur permet d’entrevoir une procréation médicalement assistée (PMA) ultérieure.
Cela dit, la loi impose tout de même des limites d’âge : le prélèvement doit être effectué entre 29 et 37 ans. Par la suite, les échantillons extraits seront utilisables pour une PMA jusqu’à l’âge 45 ans tout ou plus.
Des milliers des femmes encore sur liste d’attente
En seulement deux ans, cette procédure a connu un énorme pic de popularité. Depuis la mise en application des nouvelles dispositions légales, près de 11 500 femmes ont demandé à « congeler ses ovocytes ». Selon les chiffres du gouvernement français, seules 4 800 ont entamé le processus et 1 778 ont pu bénéficier d’au moins une vitrification en 2022.
Le Dr. Pauline Jaeger, du service de médecine de la reproduction à l’hôpital Femme Mère Enfant de Lyon, admet qu’ils ont été submergés par une tonne de demandes inattendues. La majorité de ces patientes sont seules et se sentent dépassées par la pression de leur horloge biologique. Cette cryogénisation représente pour elles un moyen d’alléger les injonctions sociales et les attentes liées à la maternité.
Des demandes à la hausse qui engorgent les centres publics spécialisés
Naturellement, des pics de demande se sont manifestés et ont rapidement conduit à une saturation des 30 centres publics spécialisés français, autorisés à réaliser cette procédure.
Ainsi, certaines femmes souhaitant entamer le processus quelques mois avant leurs 37 ans tombent dans la désillusion. Face à des délais d’attente pouvant s’étendre jusqu’à 2 ans, elles comprennent d’elles-mêmes qu’il est désormais trop tard.
Mélanie Trivalet, 38 ans, en est un exemple. Elle n’a pas pu entamer les démarches au moins 6 mois avant la limite d’âge. On lui avait cruellement refusé la procédure, déplore-t-elle, ignorant les délais réels à prendre en compte pour soumettre une demande. Finalement, elle quitta la France pour se tourner vers l’Espagne afin de congeler ses ovocytes. La contrepartie financière de 3 000 euros est lourde, mais cela en valait la peine.
Créer de nouveaux établissements de PMA pour accélérer les démarches
In fine, le gouvernement français aurait anticipé cet engorgement. C’est du moins ce que déplore Virginie Rio, fondatrice de l’association Bamp! qui soutient les patients en parcours d’assistance médicale à la procréation (AMP). Elle estime que permettre les centres d’AMP privés à pratiquer l’autoconservation sans motif médical aurait atténué ce problème. Et ce, en dépit des soucis de « marchandisation du corps de la femme ». À court terme, la création de « nouveaux centres » solutionnera ce dilemme, annonce Agnès Firmin-Le Bodo, ministre des professions de santé, le 2 août 2023.
Quant à Nina, après un parcours stressant, elle voit l’avenir avec beaucoup de prévoyance. Elle a ainsi entamé des démarches en vue d’une PMA, consciente que les délais pourraient la faire attendre 2 ans pour bénéficier de l’intervention.
Cryogénisation et injonctions sur la maternité : quel rapport ?
La société associe souvent la féminité à la maternité, ce qui crée une certaine forme de pression et qui alimente les injonctions de genre. Cependant, la possibilité de congeler ses ovocytes a changé la donne. Elle donne aux femmes le choix et de s’affranchir de la pression de la maternité.
La conservation des gamètes représente une façon de se défaire des injonctions faites aux femmes, les obligeant à vite se reproduire qu’elles le veuillent ou non. Grâce aux PMA, elles ont désormais le contrôle. Elles peuvent décider d’elles-mêmes quand elles veulent avoir des enfants, horloge biologique ou pas.
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Avec ETX Daily Up
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