Chaque jour, pas moins d’une dizaine de petites annonces de dons de sperme artisanaux de divers donneurs sont postées en ligne en France. Clairement, les parents et les couples préfèrent cette méthode d’aide à la procréation aux dispositifs légaux pour avoir un enfant. Le parcours est moins complexe.
Dons de sperme artisanaux : toujours autant prisés des Français
En Hexagone, les dons de sperme artisanaux ont conservé leur popularité malgré la vulgarisation de la procréation médicalement assistée (PMA) en août 2021 pour les femmes. Ce petit réseau de donneurs « traditionnels » et de parents en quête d’enfants continue de subsister à travers les forums en ligne et les réseaux sociaux.
La raison est que nombreux sont ces hommes géniteurs qui ne veulent pas fonder une famille, mais qui veulent laisser leur trace en ce bas monde. Parmi ceux-ci, on retrouve un homme de 37 ans qui a eu deux enfants avec la même femme grâce à un don informel. À travers cet acte, il ressent une forme de reconnaissance quand sa receveuse tombe enceinte et le remercie chaleureusement.
Les petites annonces des géniteurs continuent de pulluler
Malgré la démocratisation des dispositifs légaux d’aide à la procréation, l’intérêt pour les dons de sperme artisanaux demeure en France. Les nombreuses annonces publiées en ligne quotidiennement en témoignent.
La procréation amicalement assistée d’une connaissance ou d’un semi-inconnu reste une option attrayante pour certains parents homosexuels et hétérosexuels. Ce recours offre une meilleure garantie d’accès aux origines et de contrôle des informations sur le géniteur.
Selon Marie Jourdain de l’Association des parents gays et lesbiens (APGL), les enfants nés d’un parcours légal effectué après le 1er septembre 2022 pourront obtenir des informations sur leur donneur une fois à l’âge adulte. Cependant, les échantillons de liquide séminal soumis à l’ancienne règlementation, permettant l’anonymat du donneur, resteront disponibles pour PMA (procréation médicalement assistée) jusqu’au 31 mars 2025.
Un recours plus flexible que le parcours de l’aide à la procréation institutionnelle
La nouvelle politique de la « PMA pour toutes » a engendré une augmentation des demandes de donneurs. On avait 15 000 demandes rien qu’en 2022, comparés aux 2 000 de l’année 2021, comme le rapporte l’Agence de la biomédecine. Cette situation a alors entraîné de longs délais d’attente.
Pour certaines personnes, la PMA « classique » est un parcours du combattant. Alma, une jeune femme de 26 ans, préoccupée par la perspective de demander l’approbation d’un médecin et d’un psychologue en tant que femme seule, la décrit comme trop compliquée et onéreuse. Et certains futurs parents clament leur droit de fonder une famille en dehors des moyens institutionnels.
Comme témoigne Karl, consultant de 43 ans, les dons de sperme artisanaux représentent le salut de ces femmes non éligibles à l’aide à la procréation en France… Comme ce fut le cas de sa femme. Étant lui-même un donneur, il veut éviter à la détresse psychologique qu’il a partagée avec sa compagne.
Permettre à tous de devenir parents, de la façon qui leur plait
Un autre donneur « illicite » de dons de sperme artisanaux, âgé de 64 ans, dit avoir engendré au moins 120 enfants. C’est largement plus que ce que la loi préconise. En effet, un donneur ne doit pas donner vie à plus de 10 bébés. Clairement, le sexagénaire a fait fi des règlementations, mais au moins, il fournit une liste des naissances aux parents. Il souhaite ainsi minimiser les risques de consanguinité.
Depuis sa médiatisation en 2016, cet homme surnommé « Superpapa » déclare ne plus entretenir de relations avec ses propres enfants biologiques, au nombre de 4. Depuis, il administre plusieurs groupes Facebook consistant à mettre en relation des donneurs et des « receveuses » souhaitant avoir un bébé.
Ceux-ci sont tenus de spécifier leurs conditions, avec ou sans coparentalité. Ils doivent aussi préciser la méthode souhaitée : « artisanale » par le biais d’une pipette, « semi-naturelle » avec une pénétration au dernier moment ou carrément « naturelle ».
Des donneurs pas toujours très coopératifs et conciliants
Nombreux sont les donneurs, lors des rencontres prévues pour des dons de sperme artisanaux, qui insistent pour utiliser la méthode naturelle. C’est ce que rapporte le modérateur du groupe sur Facebook. Il déplore aussi le fait que certains vont même à demander des compensations financières aux parents.
On dénote aussi l’absence de garanties en matière de tests médicaux et génétiques, ainsi qu’un risque juridique. Marie Jourdan de l’APGL affirme qu’il arrive que le donneur change d’avis et revendique la filiation dès la conception, à tout moment dans le cas de projets individuels, ou jusqu’à l’adoption dans les couples de femmes. Mais pour les parents prêts par ce recours moins complexe, c’est un risque à prendre.
Cette possibilité n’a pas fait reculer Alma, qui a donné naissance à un garçon en août 2022 grâce à un don artisanal. Pour elle, c’est la meilleure chose qu’elle a faite.
La cryogénisation des ovocytes pour avoir des enfants plus tard
Congeler ses ovocytes demeure une pratique permettant la préservation des ovules pour une utilisation ultérieure dans le but de concevoir des enfants. Toutes les femmes peuvent y recourir en France sans raisons médicales depuis aout 2021.
Elle leur offre la possibilité de retarder la maternité, même lorsque leur fertilité naturelle décline avec l’âge. Ce processus implique la congélation des ovules à des températures très basses, préservant leur intégrité génétique.
Bien que controversée, la cryopréservation des ovocytes offre une alternative pour les femmes qui souhaitent préserver leurs chances de procréation future avec ou sans dons de sperme artisanaux. Cependant, elle reste soumise à des réglementations médicales strictes et des délais légaux de conservation.
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Avec ETX Daily Up
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