Le désir d’enfants est là, mais les couples hésitent à devenir parents 

Une mère en train de bercer son bébé, une image pouvant stimuler le désir d’enfants chez les Français.

Dans une interview de Mathilde Bouychou, on parle et on se questionne sur le désir d’enfants en France. La psychologue tente d’expliquer ce qui motive ou pas les couples à devenir parents, surtout vis-à-vis du congé parental de l’État, des injonctions et des évolutions des représentations de la parentalité. 

Désir d’enfants et réarmement démographique : la France en plein potage ?  

Lors de sa récente allocution, Emmanuel Macron avait proposé une refonte du congé parental et un plan contre l’infertilité afin de stimuler le désir d’enfants chez les Français. Cette initiative visait à rebooster la natalité en France, par le biais de ce qu’il appelle « réarmement démographique ».  

Cependant, de telles mesures peuvent-elles suffire pour inverser la tendance à la baisse de la natalité en Hexagone ? Mathilde Bouychou, psychologue spécialisée en périnatalité, explique que parler de « réarmement démographique » est exagéré. Elle évoque plutôt la nécessité de comprendre les raisons profondes de ce phénomène, notamment sur les plans politique, économique, social et psychologique. 

Selon elle, cette question dépasse largement la simple idée de stimuler la démographie. Elle met en lumière les réalités et les défis intimes auxquels font face les individus autour de la parentalité. 

Interview de Mathilde Bouychou : ce qui motive les couples à vouloir un bébé 

Le désir d’enfants demeure une question complexe influencée par diverses raisons et histoires personnelles, comprend-on dans l’interview de Mathilde Bouychou. Certains sont bloqués dans cette envie, tandis que d’autres ne la ressentent simplement pas.  

Dès lors, la distinction entre l’envie de devenir parents et le projet est cruciale. Certains peuvent vouloir un bébé sans le concrétiser en raison de problèmes financiers, de conditions de vie ou de peurs personnelles.  

Cette transition de l’idée au projet peut être entravée par des obstacles rationnels et irrationnels, conscients ou inconscients. Il est donc erroné d’assumer que cette aspiration implique nécessairement la réalisation.  

Refonte du congé parental : la solution pour multiplier les projets de naissance ?  

La refonte du congé parental envisagée par Emmanuel Macron pourrait stimuler le désir d’enfants en offrant une sécurité financière aux parents et en favorisant leur présence auprès du bébé. Une politique familiale solide, avec des congés bien rémunérés et d’une durée adaptée, peut créer des conditions optimales pour réaliser un tel projet.  

De plus, la récente révision de la loi sur la bioéthique en France, bien que restrictive, laisse entrevoir de nouveaux espoirs en matière de procréation médicalement assistée et les mesures possibles pour lutter contre l’infertilité.  

Il reste à voir quel paramètre aura le plus d’impact sur les décisions des couples et des parents. En outre, il est crucial de les accompagner les parents sur le plan économique, politique et de santé mentale pour assurer un environnement favorable à l’épanouissement familial. 

Qui dit baisse natalité dit-il forcément baisse de l’envie d’avoir un enfant ? 

De fait, l’actuelle baisse natalité en France ne signifie pas nécessairement un déclin de l’envie de devenir parents.  

Autrefois, en avoir dès le début de la vie de couple était une norme sociale. La notion de « désir d’enfant » est relativement récente. Avant la généralisation de la contraception, elle s’avérait même moins prégnante.  

Les études montrent que le nombre de femmes sans enfant reste stable, mais la baisse de la natalité est due au fait que celles qui en ont, ont moins qu’auparavant. Les difficultés financières, les préoccupations écologiques et politiques représentant autant d’obstacles qui limitent la concrétisation des projets parentaux. Beaucoup aimeraient en avoir plus, mais se heurtent à ces défis modernes. 

Être « papa » et « maman » pour se plier aux injonctions sociales ?  

Mathilde Bouychou confie que dans sa pratique, elle avait rencontré peu de patients exprimant un sentiment d’anormalité de ne pas désirer de bébé.  

Ses consultations mettent plutôt en lumière des parents qui en font sous l’influence implicite de normes sociales intériorisées. Ils peuvent ressentir une détresse lorsque cette aspiration n’était pas pleinement la leur, mais motivée par des pressions extérieures telles que les attentes des grands-parents ou les injonctions sociales. Néanmoins, ces cas sont relativement rares.  

Ce qu’il faut donc comprendre, c’est que le désir d’enfants demeure une dynamique complexe, influencée par diverses dimensions individuelles et sociétales. Il peut être sujet à des nuances et des contradictions. 

Devenir parents : quelque chose de naturel ?  

Contrairement aux idées préconçues, devenir parents est loin d’être intrinsèquement naturel. Il s’agit davantage d’une construction sociale. Notamment, l’idée de l’instinct maternel reste une idée reçue qui peut stigmatiser celles qui ne désirent pas avoir d’enfant. 

Pis encore, le plan de « réarmement démographique » risque de renforcer ces stéréotypes et d’accentuer les pressions sociales.  

Au lieu de culpabiliser ou de stigmatiser, il faudrait plutôt trouver des solutions pour soutenir ceux qui souhaitent avoir un bébé et respecter le choix de ceux qui n’en veulent pas.  

Représentations de la parentalité : une évolution des perceptions 

Aujourd’hui, il existe une meilleure compréhension du bouleversement que représente l’arrivée d’un enfant sur la santé mentale et le développement personnel des individus.  

Les représentations de la parentalité évoluent vers des images plus nuancées qui sont moins idéalisées. Cette prise de conscience de la fragilité mentale, amplifiée par des crises telles que celle du Covid, peut influencer la décision d’avoir un bébé.  

Les générations futures, plus sensibles aux enjeux écologiques et à la santé mentale, pourraient choisir de ne pas devenir parents, même si l’idée ne leur déplait pas.  

Pour cause, la parentalité reposant sur l’obligation et non le désir d’enfants peut entraîner une souffrance tant pour le couple que pour leur progéniture. Cela pourrait avoir des conséquences à long terme sur le bien-être familial. 

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Avec ETX Daily Up 

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