Deuil périnatal : un accompagnement balbutiant pour les parents

Une femme assise près d’un berceau avec le regard vide et attristé.

Le deuil périnatal concerne près de 1 % des grossesses. Il représente un épisode dramatique pour les parents du bébé mort-né. Qui plus est, la piètre prise en charge du corps médical face à ce décès n’arrange en rien les choses. Certes, il eut des progrès, mais on est encore loin du compte.

Deuil périnatal : un phénomène peu courant, mais qui existe bel et bien

D’emblée, l’on désigne par deuil périnatal les fausses-couches, les bébés morts à la naissance, les fœtus morts in utero et les nouveau-nés morts quelques jours après leur naissance.
En France, le deuil périnatal toucherait un peu plus du 1% des grossesses selon les chiffres de 2019 de la direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) du ministère de la Santé. Cela équivaudrait entre 7000 et 8000 femmes par an.
Compte tenu de ces chiffres, l’on conclut clairement que c’est un phénomène non étranger au personnel médical. Cela devrait alors justifier une certaine empathie de leur part envers les parents endeuillés. Or c’est vraisemblablement tout le contraire.

Bébé mort-né : quand les médecins font mine de rien !

Si le deuil périnatal constitue un évènement traumatisant pour beaucoup de femmes enceintes, le comportement glacial des soignants l’est encore plus. En effet, les médecins, et pas qu’un seul, se montrent généralement insensible et antipathique face à cette situation, ce qui a le don d’indigner. Laurie témoigne.
Juin dernier, elle avait prématurément donné naissance à un bébé mort-né après cinq mois de grossesse. Son gynécologue lui avait déjà prévenu lors d’une visite de contrôle que son bébé n’allait pas survivre. Sans faire preuve de la moindre empathie, celui-ci lui somma tout simplement de se faire à l’idée. Déjà que la nouvelle était choquante, cette attitude l’était encore plus. Pour Laurie, c’était son premier enfant.
Ce fut encore pire quand à l’hôpital, elle dut rester une journée entière avec des mamans ayant accouché avec succès. La situation finit par l’insupporter qu’elle supplia une sagefemme de la mettre chambre à part.

Un manque de prise en charge des mamans endeuillées : un cas non isolé

Laurie ne fut pas la seule à vivre cette situation difficile, Alice aussi fait partie du lot. En 2016, sa deuxième échographie lui révèle que son bébé in utéro présentait des malformations rénales qui allaient lui être fatales. Pour y remédier, elle dut subir une IMG ou interruption médicale de grossesse.
Elle confie que le corps médical se contentait d’être factuel quant à ce sujet. À les entendre, on croirait qu’il s’agissait d’une opération anodine. Pis encore, on ne lui avait proposé aucun accompagnement postopératoire. Pour Alice, c’était déplorable de voir que l’on aborde peu le sujet du deuil périnatal et que les soignants ne dispensent d’aucune forme de prise en charge émotionnelle et psychologique pour les parents.

Un décès traumatisant : quand les soignants s’éveillent enfin à la réalité

Si le deuil périnatal fut longtemps minimisé par les médecins, des changements se profilent. Christine Krautter, ancienne sagefemme et vice-présidente d’Agapa (une association œuvrant pour l’accueil des parents autour du deuil périnatal), confie que l’on assiste à une réelle prise de conscience des soignants. Elle souligne néanmoins qu’on est encore loin du compte et les efforts sont à maintenir pour sensibiliser davantage le personnel médical à ce sujet.
Elle explique clairement que les sagefemmes et les médecins ont réalisé l’importance de considérer les sentiments des parents et de les accompagner dans cette épreuve.

Enfin un accompagnement des grossesses à tous les stades

S’il y a quelques années, un soutien dans le cadre d’un deuil périnatal était impensable, les choses ont bien évolué. Dans la maternité Louis-Mourier, dans le nord-ouest parisien, la psychologue Astrid Brunswick explique par exemple que tous les soignants du service ont reçu une formation au deuil périnatal et qu’ils ont l’habitude de venir en aide aux parents, surtout dans le cas d’accouchement et de grossesse difficile.
Nadine Knezovic, sage-femme initiatrice de groupes de parole pour parents endeuillés, confie de son côté que le CHU de Strasbourg dispense son personnel d’une formation sur ce phénomène de bébé mort-né. Durant les sessions, on leur apprend à mieux annoncer la nouvelle aux parents et quelle attitude adopter pour les accompagner avant, pendant et surtout, après la perte.
Grâce au groupe de parole de Nadine, des gens comme Loïc Bienvenaut qui avait perdu son fils en 2019 après une IMG ont été capables de légitimer leur deuil. Aujourd’hui, lui et sa femme ont une merveilleuse petite fille en parfaite santé et n’ont pas manqué de témoigner de leur reconnaissance envers tout le CHU de Strasbourg.
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Avec ETX Daily Up

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