Dans le monde, seulement six pays ont intégré le congé menstruel à leur Code du travail. De plus, les conditions de cette adoption varient d’une nation à une autre (jours accordés et rémunération). Malgré cela, c’est tout de même un grand bond pour la santé de travailleuses aux règles douloureuses.
Adoption du congé menstruel : plus un enjeu de santé que d’hygiène
La menstruation (règles ou périodes de ses autres appellations) est un phénomène tant commun que naturel, mais qui demeure un sujet tabou dans le monde du travail. Il aura fallu attendre longtemps pour que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) reconsidère cette condition féminine. Le premier pas vers l’adoption du congé menstruel dans l’univers professionnel.
Effectivement, en juin 2022, l’OMS a demandé à tout en chacun de repenser les menstruations comme une question de santé et de droits humains, plutôt que comme un simple enjeu d’hygiène. Cette reconnaissance marque une avancée significative pour les femmes, qui voient enfin cette problématique abordée sous une nouvelle perspective, notamment en ce qui concerne le travail. C’est à juste titre compte tenu des effets douloureux des menstruations sur la santé physique et mentale chez certaines.
Peu de pays consentent à franchir le pas
Le congé menstruel n’est pas encore intégré dans le code du travail, que ce soit en France ou au Royaume-Uni, bien qu’il soit déjà en vigueur dans plusieurs pays.
Or une étude publiée en 2021 par l’IFOP pour Intimina a révélé des chiffres alarmants concernant les règles douloureuses chez les femmes. Cette enquête fut notamment instiguée en ligne entre le 17 et le 28 avril 2021, sur un échantillon de 1 010 femmes de 15 à 49 ans. En outre, près de la moitié des femmes souffrent de douleurs menstruelles, tandis que plus de huit sur dix font état de troubles psychologiques tels que la fatigue, l’irritabilité et le malaise par rapport à leur corps.
Ces facteurs ont des conséquences excluantes sur les plans social et professionnel, comme l’illustre une enquête plus récente menée au Royaume-Uni, également commanditée par Intimina. Cette étude de Censuswide réalisée en mars 2023 sur 1 017 femmes au Royaume-Uni. Elle montre un pourcentage important de femmes britanniques contraintes de s’absenter du travail pour règles douloureuses.
Asie : la santé de la femme à l’honneur
Le Japon a introduit le congé menstruel, appelé « seiri kyuka », dans son code du travail en 1947. Il fait ainsi figure de pionnier. Cependant, aucun texte n’oblige les entreprises de rémunérer cette absence. Elles doivent simplement prendre en compte les demandes des femmes qui éprouvent des règles douloureuses. 30% des firmes japonaises la remboursent tout ou partie comme le rapporte une étude de 2020 du ministère japonais du Travail.
En Indonésie, les femmes ont légalement droit à deux jours de congé menstruel payés pendant leurs périodes, mais cela dépend de chaque entreprise. En Corée du Sud, elles bénéficient d’un jour par mois nonrémunéré. À Taïwan, on retrouve trois jours de congé menstruel par an, qui ne sont pas déduits des congés de maladie. Au-delà de cette période, les femmes concernées ne reçoivent que 50% de leur salaire.
Code du travail : l’Afrique et l’Europe rechignent à faire preuve de considération
La Zambie est en tête de peloton des pays d’Afrique à adopter le congé menstruel. Depuis 2015, les femmes zambiennes peuvent prendre une journée d’absence supplémentaire par mois en cas de règles douloureuses. Pour cela, aucun certificat médical n’est requis. Malheureusement, ce pays reste la seule contrée africaine à proposer cette mesure.
En Europe, l’Espagne a voté et adopté en février 2023 un projet de loi mettant en place un congé menstruel pour les femmes sujettes à des périodes douloureuses. Sa durée reste encore méconnue. Cependant, il sera pris en charge par la sécurité sociale. Cette adoption en Espagne pourrait encourager d’autres pays européens, comme la France, à envisager des dispositions similaires.
Règles douloureuses : certaines entreprises se montrent tout de même empathique
Bien que ces six pays (Espagne, Zambie, Japon, Corée du Sud, Taiwan et Indonésie) soient actuellement les seuls à inclure le congé menstruel dans leur code du travail, de nombreuses entreprises à travers le monde ont choisi d’allouer ce privilège au cas par cas à leurs employées.
En France par exemple, cette disposition a été mise en place dès 2021 par l’entreprise montpelliéraine La Collective. Et récemment, elle fut rejointe par Carrefour, géant de la grande distribution. Ce dernier accorde effectivement des congés supplémentaires aux femmes souffrant d’endométriose.
En mars dernier, Saint-Ouen est devenue la première ville française à instaurer un congé menstruel pour ses travailleuses. Le maire de la ville, Karim Bouamrane, précise que ce privilège s’adresse aux femmes souffrant de règles douloureuses, incapacitantes et d’endométriose.
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Avec ETX Daily Up
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