Pourquoi, en Corée du Sud, parle-t-on encore de tabou du congé paternité ?  

Un père sud-coréen en train de donner le biberon à son bébé, se souciant peu du tabou du congé paternité au pays.

En Corée du Sud, la baisse de natalité ne cesse de prendre de l’ampleur alors que le tabou du congé paternité persiste. Les pères font l’impasse sur ce privilège par peur des préjugés, mais surtout pour préserver leur carrière. Or, cette mesure pourrait de part et d’autre multiplier les naissances au pays. 

Pays du matin calme : le tabou du congé paternité toujours aussi persistant  

Cela fait un bon bout de temps qu’en Corée du Sud, le tabou du congé paternité persiste. Or, le pays se montre particulièrement généreux quant aux avantages offerts par ce privilège. Un citoyen qui y adhère peut bénéficier jusqu’à 53 semaines de pause.  

Malgré ces perspectives, peu de pères osent y prétendre par crainte de préjudices professionnels, révèle un récent sondage.  

Cette réticence reflète les défis persistants auxquels sont confrontés les travailleurs sud-coréens en conciliant vie familiale et carrière. Les stéréotypes de genre et les pressions socioculturelles continuent de dicter les comportements, freinant ainsi l’engagement des hommes dans la prise en charge parentale. 

Corée du Sud : une culture du travail toujours aussi rigide 

De fait, le tabou du congé paternité reste très marqué en Corée du Sud. Les pères font face à un réel dilemme dès lors qu’ils envisagent de réduire leur activité professionnelle pour accorder plus de temps à leur famille. Selon une étude, un tiers des Sud-Coréens ayant bénéficié de ce privilège s’inquiétaient des éventuelles répercussions sur leur carrière à leur retour au travail. Leurs craintes sont alimentées par le scepticisme de leurs supérieurs quant à leur engagement professionnel.  

Cette perception témoigne des barrières culturelles et organisationnelles qui entravent l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale au pays du matin calme. Il est important de promouvoir une culture du travail plus inclusive et soutenir l’implication des pères dans la parentalité. Pour cela, il faut des efforts concertés afin de créer un environnement professionnel où la prise en charge parentale est valorisée et encouragée. 

Voir leur carrière s’écrouler : bête noire des « papas » sud-coréens 

Une enquête du KCTU Research Center révèle que près de 85 % des 1720 Sud-Coréens interrogés hésitent à prendre un break après la naissance de leur bébé. Ils craignent d’être désavantagés dans leur progression professionnelle ou dans l’évaluation de leurs performances au travail, comme rapporte The Korea Herald.  

Cette réticence témoigne des défis persistants auxquels sont confrontés les pères coréens dans la conciliation entre carrière professionnelle et vie familiale.  

De plus, une grande partie d’entre eux redoutent également une baisse de leurs revenus. 80,6 % expriment des préoccupations financières liées à ce privilège. Ces appréhensions soulignent la nécessité de mesures de soutien plus solides pour rassurer les pères dans leur rôle parental, sans compromettre leur carrière ou leurs moyens de subsistance. 

Une hésitation raisonnée par la peur des préjugés 

Le tabou du congé paternité trouve aussi racine dans la peur du « qu’en dira-t-on ».  

Les résultats révèlent que les trois quarts des sondés craignent le jugement négatif de leur employeur s’ils décident de bénéficier de ce privilège.  

Cette appréhension met en lumière la persistance des préjugés et des stéréotypes de genre dans le monde du travail. L’idée qu’un homme consacre du temps à ses enfants est perçue comme une faiblesse. Certains vont à considérer ce choix comme un comportement de « femme ».  

Cette pression sociale renforce les obstacles à une implication parentale équilibrée entre les deux sexes. Elle souligne l’importance de promouvoir des environnements de travail inclusifs, où l’on juge les employés sur leurs compétences et leur engagement, indépendamment des rôles de genre traditionnels. 

Des pères réticents à s’investir dans l’éducation de leurs enfants 

Compte tenu des mentalités actuelles, le tabou du congé paternité et la réticence des pères sud-coréens à s’impliquer dans l’éducation des enfants tombent sous le sens.  

Cependant, malgré cette tendance, le gouvernement encourage fortement leur participation. Pourquoi ? Parce que le taux de natalité au pays ne cesse de chuter. En 2023, on enregistrait seulement 230 000 nouveau-nés en Corée du Sud. Cela marque une baisse de 7,7 % en un an.  

Cette diminution souligne l’urgence pour les pères de jouer un rôle plus actif dans la vie familiale. Cela favoriserait entre autres une augmentation démographique.  

Baisse natalité : les autorités peinent à renverser la donne 

Malgré les investissements publics non négligeables, les autorités sud-coréennes peinent à endiguer la baisse natalité au pays et à enrayer le tabou du congé paternité. Face à ce défi préoccupant, certaines entreprises privées mettent la main à la pâte via des mesures encourageant la parentalité.  

En février 2024 par exemple, le groupe de construction Booyoung a annoncé une initiative novatrice. Celle-ci consistait à octroyer une prime de 100 millions de wons (environ 70 000 euros) à ses employés accueillant un nouveau membre dans la famille.  

Pour faire figue d’exemple, le géant de l’électronique LG a instauré une pause parentale pouvant s’étendre sur 2 ans. Cette initiative démontre son engagement envers la conciliation travail-famille. De plus, l’entreprise offre 3 jours d’absence rémunérés aux employés suivant des traitements contre l’infertilité.

L’importance de changer les mentalités avant tout 

Les initiatives des entreprises par LG et d’autres sociétés sud-coréennes soulignent l’inquiétude croissante des conséquences de la baisse de natalité sur le marché du travail.  

Cependant, encourager la parentalité nécessite également un changement profond dans les mentalités. Cela permettrait entre autres d’en finir avec le tabou du congé paternité. 

Si les Sud-Coréens sont incités à avoir plus d’enfants, il est impératif de leur offrir un environnement où prendre soin de leur famille ne compromet pas leur carrière. Cela exige une évolution des mentalités vers une culture de travail plus inclusive, reconnaissant la valeur de l’engagement familial.  

Pour que ces changements durent, il faut parallèlement des politiques d’entreprise et gouvernementales promouvant l’équilibre entre vie professionnelle et familiale. 

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Avec ETX Daily Up 

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