En 2024, le livre « Martine » célèbre ses 70 ans. Ses albums jeunesse ont bercé l’enfance des enfants d’antan devenus grands. Pour fêter dument cet anniversaire, la série a droit à une exposition de ses œuvres originales à Paris et une version sérieuse destinée aux vieux fans de l’histoire de la fillette.
Livre « Martine » : elle souffle ses 70 ans
Cela fait exactement 70 ans que le premier livre « Martine » est paru aux éditions Casterman, dans la collection Farandole. Ce tome narre les aventures de l’héroïne à la ferme, une histoire qui a immédiatement charmé les enfants de l’époque.
Aujourd’hui, la série jeunesse se révèle sous un nouveau jour. D’une part, elle dévoile ses secrets dans un ouvrage « sérieux », destiné à ses fans d’antan devenus grands. Celui-ci offre une perspective plus mature. D’autre part, le livre « Martine » fait son entrée dans l’art moderne via une exposition dans une galerie à Paris.
Une exposition des œuvres originales de la série à la galerie Gallimard à Paris
Pour célébrer son 70e anniversaire, le livre « Martine » se dévoile à nous à travers une exposition-vente à la Galerie Gallimard, située dans le quartier Saint-Germain-des-Prés. Ouverte au public jusqu’au 11 avril 2024, celle-ci met en lumière Marcel Marlier, un artiste belge et père de la série. C’est la véritable étoile de cet événement. Ce dernier présente entre autres les originaux de ses albums jeunesse, dont certains sont inédits.
De son côté, Artcurial organise également une vente le 10 avril 2024, proposant à l’achat 12 gouaches originales.
Contrairement à Tintin, l’expo et les œuvres de la série restent accessibles au grand public. Le prix le plus élevé estimé pour la meilleure œuvre, qui est la couverture du livre « Martine à la montagne » de 1959, est de 8 000 euros.
Un anniversaire marqué par la présentation de l’ouvrage aux nouvelles générations
Les éditions Casterman célèbrent cet anniversaire dans l’unique but de redonner de la visibilité à leur héroïne, comme elles le font toutes les décennies.
Certes, 10 ans semblent courts pour ce personnage de 70 ans. Cependant, chaque décennie est un nouveau chapitre. Pour chaque génération, c’est systématiquement pour eux le premier anniversaire du livre « Martin ». C’est ce que Céline Charvet, directrice du catalogue jeunesse des éditions Casterman, a expliqué à l’AFP.
Un ouvrage au succès commercial qui continue de captiver les enfants de tout temps
De fait, le livre « Martine » n’a plus la même popularité qu’à son apogée dans les années 60 à 80, où plus d’un million de ses albums se vendaient chaque année.
Cependant, elle demeure une figure incontournable de la littérature jeunesse. Avec la parution du dernier de ses 60 titres publiés, « Martine et le Prince mystérieux » en 2010, la série totalisait près de 100 millions d’exemplaires écoulés. Aujourd’hui, ce chiffre atteint les 120 millions pour les versions françaises et 50 millions dans les autres langues.
Ce succès, nous le devons notamment à l’habileté à capturer les émotions des enfants de Marcel Marlier. S’ajoutent à cela son trait délicat, la précision de son crayon et les tons pastel caractéristiques du style de l’illustrateur.
Un charme qui réside davantage dans ses dessins que dans ses récits
D’après Mme Charvet, les illustrations de la série de livre « Martine » restent « gravées dans la rétine ». Les mères et les grands-mères qui lisent les aventures de la fillette à leurs enfants se souviennent plus de la magnificence des dessins que de l’histoire en elle-même.
Deux chercheurs, Florian Moine et Sylvain Lesage, avaient exploré les archives des éditions de Casterman. Ils décrivent l’ouvrage comme la « petite sœur de Tintin » : deux séries créées par deux Belges, des histoires ayant capturé le cœur des Français.
Une rémunération dérisoire pour un modeste illustrateur
Malgré son immense succès commercial, le livre « Martine » suscite un désintérêt critique navrant, affirment les deux chercheurs.
Un article de la revue Strenae en 2023 dénonce les maigres droits d’auteur perçus par le dessinateur belge, Marcel Marlier. Il recevait seulement 1,75 % au-delà de 175 000 exemplaires écoulés en 1979 et 3 % pour plus de 130 000 exemplaires en 1989. Cela dit, il ne dessinait pas pour faire fortune.
Pour le scénariste Gilbert Delahaye, la série constituait uniquement une activité annexe. Il créait ses intrigues autour des illustrations de Marlier.
Des albums jeunesse signés Gilbert Delahaye et Marcel Marlier
Les noms de Gilbert Delahaye et Marcel Marlier figurent systématiquement sur les couvertures des albums jeunesse de la série. Cela inclut même ceux que Delahaye, décédé en 1997, n’a jamais vus de son vivant. Cela reste valable pour le livre « Martine à Paris » paru le 24 mars 2042 et où l’héroïne découvre la capitale française.
Les illustrations dans ce tome découlent d’assemblages de dessins d’archives et de photographies. La trame narrative constitue en réalité l’œuvre de Rosalind Elland-Goldsmith, une Franco-Britannique ayant déjà réécrit les anciens ouvrages de la série.
« L’éternelle jeunesse d’une icône », une version pour les fans d’avant devenus adultes
Pour ses 70 ans, les éditions Casterman ont aussi sorti l’ultime livre « Martine, l’éternelle jeunesse d’une icône ». Cet ouvrage dépeint l’univers original de la fillette, tout en abordant quelques questions délicates.
Laurence Boudart, autrice de ce numéro et directrice des Archives et musée de la Littérature de Bruxelles, justifie cette orientation. Elle affirme qu’on a longtemps reproché aux albums jeunesse de la fillette de perpétuer une éducation fortement genrée. Cependant, on voit tout de même l’héroïne défier les garçons dans des activités sportives telles que la course, la natation ou le ski. Et souvent, elle les bat à plate couture.
Abonnez-vous à notre page X (ex-Twitter) pour en savoir plus sur les livres pour enfants.
Avec ETX Daily Up
Laisser un commentaire