Haut-Commissaire à l’enfance : Sarah El Haïry suscite espoirs et réserves

Des élèves dans une salle de classe.

La nomination de Sarah El Haïry comme Haut-Commissaire à l’enfance relance le débat autour des droits de l’enfant, de leur protection et de l’absence de ministère dédié. Associations et société civile appellent à une stratégie nationale forte et ambitieuse.

Un Haut-Commissaire à l’enfance accueilli avec prudence

La nomination de Sarah El Haïry au poste de Haut-Commissaire à l’enfance par Emmanuel Macron a été rendue publique fin décembre 2024 sur le réseau social X. Ce choix intervient dans un contexte de forte mobilisation des associations après la formation d’un nouveau gouvernement sans ministère de plein exercice dédié à l’enfance. Si ce rôle est salué comme un signe de reconnaissance de l’enjeu, des voix s’élèvent pour dénoncer une réponse politique trop symbolique, voire précipitée. Le collectif Dynamique pour les Droits des Enfants, regroupant près de 30 ONG et associations, exprime des réserves sur l’efficacité potentielle de ce nouvel acteur institutionnel. Il rappelle qu’un poste de Haut-Commissaire à l’enfance ne saurait remplacer l’autorité et les moyens d’un ministère à part entière pour impulser des réformes concrètes.

Des doutes sur les leviers d’action de Sarah El Haïry

Le décret du 10 février 2025, officialisant la création de la fonction de Sarah El Haïry, a certes posé un cadre institutionnel, mais ses contours restent jugés trop flous. Les associations craignent que cette nouvelle entité ne dispose pas des outils nécessaires pour faire avancer les politiques publiques de l’enfance de manière concrète. Le Haut-Commissariat au Plan, instauré en 2020, est souvent cité comme un précédent peu engageant : sa mission consultative n’a pas débouché sur des actions significatives. De même, un Haut-Commissaire à l’enfance sans budget propre ni autorité transversale pourrait rester cantonné à un rôle d’observateur. Or, face à l’urgence sociale, à la précarité croissante de nombreuses familles et aux difficultés dans la protection des enfants, les associations attendent des actes forts.

Au-delà de l’institutionnel: la Dynamique appelle à une stratégie nationale ambitieuse

Les membres de la Dynamique pour les Droits des Enfants lancent un appel clair : ils souhaitent que Sarah El Haïry, en tant que Haut-Commissaire à l’enfance, dépasse la posture institutionnelle pour proposer une vision politique globale et transversale. Il s’agit d’élaborer une stratégie nationale en faveur de l’enfance, co-construite avec les collectivités, les professionnels et les familles. Cette mission devra inclure tous les ministères concernés : Éducation, Santé, Justice, Famille, mais aussi Solidarités. Les attentes sont immenses. Depuis plusieurs années, les rapports sur la petite enfance, la protection ou l’inclusion des enfants se succèdent sans déclencher de réforme structurelle. Il reste 25 mois au gouvernement pour traduire l’ambition affichée en 2022 en véritables actes. Le Haut-Commissaire à l’enfance est désormais attendu au tournant.

Les droits de l’enfant, une priorité à concrétiser

Garantir les droits de l’enfant implique plus qu’une parole politique : il s’agit de mettre en œuvre des politiques publiques cohérentes, ambitieuses et financées. Le collectif rappelle que la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) reconnaît explicitement le droit de participation des enfants aux décisions qui les concernent. À ce titre, le rôle du Haut-Commissaire à l’enfance doit être de rendre cette participation réelle, structurée et prise en compte dans la gouvernance. Les jeunes doivent pouvoir s’exprimer sur l’école, la santé, la justice, mais aussi sur leur quotidien familial. Le défi est de taille, mais nécessaire pour que les enfants soient considérés comme de véritables citoyens. Il appartient au Haut-Commissaire à l’enfance de créer les ponts entre les institutions et ceux qu’elles concernent en premier lieu : les enfants eux-mêmes.

Associations et ministère: un dialogue envisagé pour une action concertée

Malgré leurs critiques, les associations affichent une volonté de dialogue avec Sarah El Haïry, convaincues que le rôle de Haut-Commissaire à l’enfance peut devenir un levier important s’il s’ancre dans une approche collaborative. La concertation interministérielle est une priorité, tout comme la relance des comités dédiés à l’enfance. Pour cela, un soutien clair du gouvernement et du Premier ministre est indispensable. Le poste doit devenir une interface entre les institutions, les acteurs de terrain et les enfants. L’écoute, la réactivité et l’engagement du Haut-Commissaire à l’enfance seront scrutés à chaque prise de parole, à chaque arbitrage. Pour les professionnels de l’enfance, le signal est clair : le temps des promesses est révolu, place à l’action partagée.

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Source:  https://www.sosve.org/presse/reaction-a-la-nomination-dune-haut-commissaire-a-lenfance/ .

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