Si les fermes familiales représentent une norme dans toute l’Europe et même aux États-Unis, la réalité est autre en France. Là-bas, on est loin de la famille d’agriculteurs où les enfants héritent de l’exploitation par tradition. Il n’est nullement d’une affaire qui se transmet de père en fils.
Famille d’agriculteurs : une réalité en Europe… sauf en Hexagone
Contrairement à ce qui semble se faire un peu partout en Europe, la transmission des exploitations agricoles ne suit pas toujours le schéma traditionnel en France où il est question de le faire de génération en génération. Pour cause, les enfants de famille d’agriculteurs peuvent emprunter des voies différentes en Hexagone.
Alors que l’on s’attend souvent à ce que le fils reprenne la ferme de son père, la réalité agricole française est grandement différente. Au pays, on trouve peu de fermes familiales. Les enfants de fermiers sont parfois influencés par l’évolution des pratiques agricoles, d’autres se tournent davantage vers les opportunités professionnelles en dehors du secteur. Les pressions économiques et les dynamiques actuelles remettent en question la vision traditionnelle de la succession agricole au pays. Cela reflète une diversité de parcours et de choix qui façonnent l’avenir de l’agriculture locale.
France : championne agricole malgré tout
Selon les chiffres officiels de la Représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne, l’Hexagone se targue d’être la championne agricole en Europe. Dans le secteur, le pays a cumulé plus de 77 milliards d’euros en 2019. Cela équivaut à 18% de la production totale de l’Union européenne, dépassant ainsi des pays comme l’Allemagne (14 %) et l’Italie (14 %).
Avec 52 % de son territoire dédié à l’agriculture, la France possède le plus grand cheptel bovin de l’UE. De plus, il est le principal exportateur de blé après la Chine, l’Inde, la Russie et les États-Unis.
C’est sans compter le fait que son patrimoine agricole qui se caractérise par les vignobles et diverses cultures soutient l’identité culinaire du pays. Le Salon international de l’Agriculture célèbre cette richesse chaque hiver. Cet évènement annuel réunit famille d’agriculteurs et agriculteur solo de tout le pays afin de créer la plus grande ferme éphémère de France.
Eurostat : un faible pourcentage de fermes familiales transmis de pair
En Hexagone, les temps où l’éleveur de charolaises se rendait à Paris avec toute sa famille d’agriculteurs sont révolus. Or la réalité agricole française ne correspond plus à cette image.
Selon les données d’Eurostat, la France se distingue en tant que pays européen où la gestion des exploitations agricoles incombe le moins à une famille d’agriculteurs. Seulement 58 % d’entre elles sont gérées et transmises de père en fils en 2020. Même si ce pourcentage semble conséquent, il demeure en deçà de la moyenne européenne.
Sur les 9,1 millions d’exploitations européennes, 93 % sont des fermes familiales. La moitié de leur main-d’œuvre agricole provient des membres d’une famille d’agriculteurs. Ce schéma prévaut dans plus de 80 % des exploitations dans l’ensemble de pays de l’UE, à l’exception de la France et de l’Estonie (65 %).
Héritage de père en fils : un concept biaisé en Hexagone
Vraisemblablement, en France, on s’éloigne du controversé projet de la « ferme des 1 000 vaches », initié il y a environ dix ans dans la Somme. Celui-ci a cessé ses activités fin 202. On n’est même pas à un cheveu des « méga-fermes » américaines abritant des dizaines de milliers de vaches.
Cet écart entre la réalité et l’image de la famille d’agriculteurs en France avait déjà fait l’objet d’une étude de l’Insee en 2020. En 2019, 69 % des exploitants agricoles étaient des travailleurs indépendants sans employé. Malgré cela, seulement 5 % de ceux-ci bénéficiaient d’ « aides familiales » non rémunérées de la part de leurs proches.
EU : un modèle agricole avec une tradition bien ancré
En Grèce, les exploitations agricoles sont indubitablement une affaire familiale, voire une tradition. Quasi l’ensemble des fermes agricoles demeure dans le giron familial. Et c’est une tendance commune à la Roumanie et à la Pologne (99 %).
Des pays voisins proches de la France, l’Italie (plus de 90 %) et le Portugal (90 %) privilégient également les échanges sur l’agriculture au sein de la famille.
Malgré leur caractère minoritaire, les exploitations non familiales en Europe ont tout de même leur pesant d’or dans le secteur. En 2020, celles-ci représentaient 39 % de la superficie des terres dédiées à la production agricole européenne. Elles rassemblaient 45 % des unités de cheptels au sein de l’Union Européenne.
Pas de relève chez les enfants de fermiers français : pourquoi ?
Plusieurs raisons expliquent le phénomène. En France, les enfants de famille d’agriculteurs hésitent parfois à hériter de la ferme familiale.
Les défis économiques, les pressions financières, le mode de vie exigeant et les incertitudes liées au changement climatique contribuent à rendre l’agriculture moins attrayante. De plus, la charge administrative et les exigences règlementaires peuvent être décourageantes.
Certains jeunes préfèrent des opportunités professionnelles en dehors du secteur agricole, tandis que d’autres aspirent à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Les difficultés à maintenir la rentabilité et la pérennité des exploitations familiales pèsent sur les générations futures.
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Avec ETX Daily Up
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