Face à la situation des élèves allophones au pays, l’UNICEF France a appelé le gouvernement à mettre en place un plan ministériel pour réformer le système éducatif. Dans quel sens ? Le but serait d’établir un plan d’action pour établir une plus grande diversité de langues dans les écoles françaises.
Élèves allophones en Hexagone : une réussite scolaire entravée par la barrière linguistique
Comme n’importe quel enfant scolarisé, les élèves allophones devraient bénéficier du droit à l’éducation. Or, ils sont confrontés à des obstacles compromettant leur réussite scolaire.
À l’occasion de la journée nationale du refus de l’échec scolaire, UNICEF France exhorte à une action urgente pour mieux intégrer cette problématique dans les politiques éducatives.
Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF France, appelle notamment la ministre Anne Genetet et Alexandre Portier, délégué à la réussite éducative, à prendre des mesures concrètes pour soutenir ces élèves allophones. Le but serait de garantir une éducation équitable et inclusive en Hexagone, vu que plus d’un tiers des enfants âgés de 6 à 18 ans en France déclarent parler une autre langue que le français chez eux.
De l’importance de lancer un plan ministériel pour soutenir ces enfants
Concrètement, l’UNICEF France a proposé un plan ministériel soutenant l’accueil et la réussite des élèves allophones à l’école. Entre autres, ce document a pour objectif d’instaurer une politique nationale ambitieuse d’inclusion scolaire qui serait pilotée par le Ministère de l’Éducation nationale. Il entend harmoniser les pratiques académiques et garantir l’équité dans leur parcours scolaire. Il s’articulera autour de cinq objectifs clés, à savoir :
- l’amélioration de l’accès aux dispositifs qui soutiennent l’apprentissage du français ;
- le renforcement de la qualité des dispositifs de l’acquisition de la langue de Molière ;
- la démocratisation de l’inclusion en classe ordinaire ;
- l’utilisation des langues premières pour favoriser la réussite ;
- l’application des conditions de réussite de cette population d’enfants à l’école.
Ces objectifs se concrétiseront par diverses mesures comme la révision des critères d’accès, le renforcement de la formation des enseignants, l’extension des soutiens linguistiques ou encore la valorisation des langues maternelles des enfants.
UNICEF France : un rapport sur la situation des jeunes avec une langue première non française
En plus de ce plan ministériel, l’UNICEF France s’apprête à publier un rapport révélateur sur les 77 433 élèves allophones en France.
Intitulé « Dans toutes les langues : réussir à l’école quand on ne maîtrise pas le français », celui-ci met en évidence les lacunes des dispositifs de soutien linguistique, malgré les efforts de certains professionnels.
Les UPE2A, bien que cruciales, peinent à répondre aux besoins croissants de ces enfants, qui rappelons-le, ont augmenté de 20 % entre 2019 et 2021. L’absence de réformes depuis plus de 10 ans, ainsi que le manque de données et de financement ont d’autant aggravé cette situation. D’où l’importance d’une intégration réussie pour réduire les inégalités et favoriser l’harmonie sociale.
Un système éducatif qui considère peu les différences linguistiques
De fait, un peu plus de 33 % des enfants parlent une autre langue que le français chez eux. Pourtant, les politiques éducatives du pays considèrent peu cette diversité linguistique. Seulement 8 % des enseignants en France hexagonale avouent être préparés à enseigner dans des environnements plurilingues. C’est bien en dessous de la moyenne de l’OCDE (26 %).
Il est vrai que les langues premières des élèves allophones sont rarement intégrées dans le système éducatif, qu’elles soient étrangères ou régionales. Les professeurs manquent de formation pour utiliser ces langues comme levier d’apprentissage, notamment pour l’acquisition du français.
Certes, des pratiques pédagogiques expérimentales existent déjà. Cependant, elles restent insuffisamment évaluées et généralisées. Cela prévaut surtout dans les territoires ultramarins où l’enseignement bilingue immersif demeure peu exploité.
Promouvoir une diversité de langues pour une école plus inclusive
Face à cette situation, l’UNICEF France préconise une approche plus inclusive pour l’enseignement des langues premières des élèves allophones dans son rapport. Cela prévaut notamment les territoires ultramarins, où les besoins sont accrus. Le but est de mettre en place une plus grande diversité de langues dans le parcours éducatif français.
Pour cause, enseigner dans la langue parlée à la maison augmente de 30 % les chances des enfants de comprendre ce qu’ils lisent à la fin de l’école primaire.
De même, l’organisation recommande de réformer les pratiques pédagogiques et de fournir aux élèves au moins six années d’instruction dans leur langue première. Cela réduirait considérablement les écarts de réussite de ces jeunes locuteurs de langues minoritaires.
Divers dispositifs déjà mis en place en plus du plan d’action proposé
Le plan d’action de l’UNICEF France est structuré en 5 objectifs et 17 mesures clés. Grosso modo, il recommande la réforme des dispositifs de soutien linguistique pour améliorer leur accessibilité, qualité et durée pour les élèves allophones. Il prône l’intégration de ces derniers en milieu ordinaire pour une école inclusive et propose de former les enseignants à leurs langues premières.
Au pays, il existe déjà des dispositifs spécifiques qui accueillent les élèves allophones nouvellement arrivés. Ceux-ci font office de complément et de passerelle vers la classe ordinaire. Cependant, les textes officiels qui les encadrent demeurent non révisés depuis plus de 10 ans. Ce manque de révision et d’évaluation favorise alors des inégalités d’accès et de qualité. De plus, l’accompagnement insuffisant des élèves après leur sortie de ces dispositifs compromet souvent leur réussite scolaire. Ce qui justifie ainsi l’initiative d’UNICEF France.
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Communiqué de presse : https://www.unicef.fr/article/lunicef-france-appelle-a-un-plan-ministeriel-pour-les-eleves-allophones/ publié le 29 septembre 2024.
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