États-Unis : l’interdiction d’avorter aurait des effets désastreux sur la santé féminine 

Une Américaine prenant une pilule contraceptive, un médicament qui se fait rare à cause de l’interdiction d'avorter.

Contre toute attente, la loi sur l’interdiction d’avorter adoptée aux États-Unis fait plus de bien que de mal. Au grand dam des Américaines, les moyens de contraception féminine se font rares en pharmacie. Et la mortalité infantile monte en flèche à cause des restrictions imposées et des complications de grossesse. 

Interdiction d’avorter : au pays de l’oncle Sam, on s’inquiète des conséquences de cette loi 

Dernièrement, les législations sur l’interdiction d’avorter adoptées par certains États américains suscitent des préoccupations croissantes quant à leurs retombées.  

D’après deux récentes études publiées dans une revue scientifique, cette loi aurait des conséquences paradoxales. Certes, les mesures restrictives limitent l’accès à l’avortement. Mais, dans la foulée, elles restreignent également l’accès à la contraception. Or, cette double contrainte pourrait peu ou prou favoriser la mortalité infantile, augmentant les risques pour la santé des mères et des enfants à naître.  

En restreignant l’accès aux services de planification familiale et en rendant l’avortement plus difficile à obtenir légalement, cette loi pourrait pousser les Américaines à envisager des alternatives moins sûres et moins réglementées.  

Des contradictions qui font tache sur les deux ans de la politique antiavortement aux États-Unis 

Au mois de juin 2024, les États-Unis commémoraient les deux ans d’une décision pivot de la Cour suprême, qui a révoqué en juin 2022 le droit fédéral à l’avortement. Des efforts admirables, mais que ces études viennent ternir à un moment critique ! 

De fait, cette loi sur l’interdiction d’avorter a transféré à chaque État américain la responsabilité de légiférer sur cette question délicate. Or, cela a ouvert la voie à une mosaïque de lois diverses au pays.  

En effet, ces législations variées restreignent davantage l’accès à l’avortement et à la contraception dans certains États. Ce qui exacerbe les disparités régionales en matière de santé reproductive.  

Dès lors, cette disposition juridique complexifie le paysage des droits reproductifs aux États-Unis, avec des implications potentielles majeures pour la santé des femmes et la dynamique sociale. Elle soulève également des débats profonds sur l’autonomie des femmes et l’équité en matière de santé. 

Une baisse des moyens de contraception orale en pharmacie parmi les retombées 

Dans une étude publiée dans la revue Jama, l’interdiction d’avorter dans certains États américains a entrainé une baisse notable des pilules contraceptives et des pilules du lendemain délivrées en pharmacie.  

La pilule du lendemain, contraceptif d’urgence, se fait rare dans les officines. C’est une mesure plutôt cohérente avec la loi en vigueur vu sa nature, contrairement à la pilule. Pourtant, cette méthode de contraception hormonale est la plus répandue chez les Américaines.  

Pour arriver à de telles observations, les chercheurs ont analysé plus de 143 millions de prescriptions entre mars 2021 et octobre 2023. Entre autres, ils expliquent cette diminution par la fermeture à grande échelle des cliniques de planning familial, lesquelles pratiquaient des avortements et prescrivaient également ces contraceptifs.  

Pilule du lendemain : ce n’est pas un médicament « IVG », confirme la FDA 

L’étude souligne qu’il existe une certaine confusion sur la légalité de la pilule du lendemain dans certains États. De part et d’autre, cela contribue à sa baisse d’utilisation et de disponibilité. Pourtant, la FDA a récemment précisé sur l’étiquette de l’une de ces pilules qu’il ne s’agit en aucun cas d’un médicament d’interruption de grossesse.  

De plus, certains États ont adopté des politiques donnant le droit aux pharmaciens de refuser la dispense de cette contraception d’urgence par convictions religieuses. Cela aurait pu influencer la raréfaction de cette pilule dans les officines.  

Face à des prises de position, les chercheurs de l’étude menée veulent ouvrir les yeux des gouvernements sur l’importance cruciale de la contraception pour éviter la case de l’avortement. Ils leur recommandent d’augmenter l’accès à la contraception orale, y compris d’urgence. 

Des restrictions ayant de graves répercussions sur le taux de mortalité infantile 

Dans une autre étude également parue dans la revue Jama, des chercheurs se sont penchés sur les répercussions de l’interdiction d’avorter sur la mortalité infantile.  

Cette recherche s’est davantage focalisée sur une loi texane mise en application en septembre 2021. Celle-ci limitait le droit à l’avortement à environ six semaines de grossesse, et ce, sans considération des maladies congénitales.  

Les chercheurs ont analysé les tendances résultant de cette législation restrictive. Ils ont délivré un aperçu net sur les conséquences possibles des restrictions ultérieures à la décision de la Cour suprême. 

Une hausse notable des décès des bébés et des nourrissons dans le canton texan

Dans le cadre de leur étude, les chercheurs ont analysé les certificats de décès au Texas entre 2021 et 2022. Ils ont observé une augmentation significative de 12,9 % du nombre de nourrissons de moins de 12 mois morts dans l’État texan, comparé à seulement 1,8 % dans les autres régions.  

De plus, leurs recherches ont montré une hausse de 22,9 % des décès de bébés liés à des maladies congénitales. Cela en fait ainsi la principale cause de mortalité infantile dans ce comté des Amériques.  

Alison Gemmill, auteure principale de l’étude, a souligné dans un communiqué que ces résultats mettent en lumière les conséquences sérieuses et inattendues des politiques d’interdiction d’avorter. Ces politiques peuvent non seulement affecter la santé des nourrissons, mais aussi causer des traumatismes pour les familles. Ce qui représente des coûts médicaux importants.  

Texas : des médecins refusant d’intervenir même en cas de complications de grossesse 

Le Texas reste intransigeant concernant l’interdiction d’avorter, à l’exception des cas mettant en danger la vie de la mère. Or, cette rigidité législative crée une situation où même les graves complications de grossesse ne garantissent pas une intervention médicale. En effet, elle fait germer parmi les médecins la peur de poursuites judiciaires, même dans des situations médicales urgentes.  

Ce qui explique pourquoi certains professionnels de santé choisissent de ne pas pratiquer d’avortements, même lorsque la vie ou la santé de la femme enceinte est en jeu.  

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Avec ETX Daily Up 

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