Attention ! Il y a une recrudescence des maladies oubliées, dont la rougeole 

L’abandon des mesures barrières post-Covid a stimulé la résurgence des maladies oubliées.

On pensait en avoir fini avec les maladies oubliées comme la coqueluche ou la rougeole. Mais, il semble que ces pathologies d’époque ont refait surface. La cause ? Une baisse de l’immunité collective, mais surtout un relâchement dans l’administration des vaccins, comme du ROR, chez les enfants et les adultes. 

2024 : un retour en force de maladies oubliées qui n’ont pas vraiment disparu 

Considérées disparues, des maladies oubliées comme la rougeole, la coqueluche, la syphilis et la tuberculose sont visiblement « revenues d’entre les morts ». C’est du moins le cas au sens figuré, puisque ces pathologies n’ont jamais totalement disparu du radar. Comme l’explique Mikael Askil Guedj, dans son livre « Médecins malgré vous, Portraits des maladies du XXIe siècle » (2023), elles se sont transformées et espacées dans le temps, suivant des cycles épidémiques. 

Philippe Sansonetti, de l’Institut Pasteur, ajoute qu’elles sont tout bonnement restées latentes. La syphilis a augmenté en flèche avec le sida, puis les cas ont diminué avec la prévention. La tuberculose a suffisamment reculé pour qu’on cesse les vaccins. Quant à la rougeole et à la coqueluche, on s’accommode de poussées irrégulières. Leur actuel retour en force, on le doit principalement à un relâchement vaccinal ou à une prévention insuffisante.  

Coqueluche, tuberculose et syphilis… on observe un rebond inquiétant en France ! 

Ces derniers mois, on observe à une résurgence inquiétante de maladies oubliées en France. Parmi celles-ci, on a la coqueluche qui fait un retour fracassant avec près de 6 000 cas recensés en cinq mois. C’est soit cinq fois plus qu’en 2023.  

La tuberculose fait aussi partie du lot. Bien que toujours à un niveau faible, cette pathologie a rebondi en 2023 avec 4 728 cas déclarés après les trois ans de crise sanitaire. Pour rappel, cette infection bactérienne très contagieuse se transmet par voie aérienne et touche essentiellement les poumons, pouvant aussi atteindre le cerveau.  

Puis, la syphilis, tristement célèbre pour avoir infecté des artistes comme Baudelaire ou Schubert, a été négligée au profit du VIH. Résultat des courses : son incidence a augmenté de 110 % entre les années 2020 et 2022. 

Un recours aux vaccins en chute libre comme principale raison à cette recrudescence 

La résurgence des maladies oubliées s’explique de part et d’autre par l’abandon des mesures barrières contre la Covid-19. Une baisse de l’immunité collective y est aussi pour quelque chose.  

Cependant, l’insuffisance de la couverture vaccinale représente la cause la plus plausible. Alors que la tuberculose touche majoritairement les personnes en grande précarité, le vaccin BCG n’est plus disponible en pharmacie. Qui plus est, il s’avère mal distribué et peu efficace. Quant à la coqueluche, Philippe Sansonetti recommande aux adultes de faire une revaccination, surtout les femmes enceintes. En effet, les vaccins actuels ne sont pas taillés pour protéger à vie.  

Pour ce qui est de la syphilis, sa propagation fut favorisée par la baisse de l’usage du préservatif, les antirétroviraux ayant diminué la peur du sida. C’est sans compter le fait que ses premiers symptômes sont très discrets, complexifiant ainsi sa détection. 

Vaccin ROR : moins d’enfants en bénéficient à cause de la méfiance des parents 

Comme beaucoup le savent déjà, le vaccin ROR englobe les maladies de la rougeole, des oreillons et de la rubéole. Elle fut administrée auprès des jeunes enfants depuis des décennies.  

Cependant, ces dernières années, elle fait l’objet de la méfiance, voire du scepticisme des parents. Cette prise de position découle entre autres des infox prétendant que ce vaccin favorisait des cas d’autisme chez les enfants. Dans un effet boule de neige, cette désinformation a entraîné une recrudescence alarmante des cas dans les années 2000. On est même arrivé à un point où la vaccination, initialement recommandée, est devenue obligatoire pour tous les nourrissons en 2018.  

Cette mesure visait à endiguer la propagation fulgurante de ces maladies oubliées, potentiellement mortelles. Elle cherche aussi à rétablir la confiance dans les bienfaits de la vaccination.  

Gare à la résurgence de la rougeole chez les bébés et les tout-petits ! 

En 2023, pour les cas de rougeole, on a enregistré un pic sans précédent en France. On parle de 117 cas signalés, dont 31 importés. C’est beaucoup à comparer aux 15 cas de 2022.  

Cette maladie virale, hautement contagieuse, présente souvent une forme bénigne. Toutefois, elle peut entraîner des complications sévères, notamment respiratoires et neurologiques. Il arrive parfois qu’elle devienne fatale chez les nourrissons.  

Mikael Askil Guedj souligne que des flambées de rougeole touchent désormais des adultes et des adolescents non ou mal vaccinés. Il s’agit généralement de personnes ayant reçu une seule injection au lieu des deux nécessaires.  

Prévention : les bons gestes pour éviter la contamination 

Philippe Sansonetti observe que certains pays disposent d’une politique vaccinale bien plus robuste que celle de la France. C’est pourquoi il place de grands espoirs dans le futur carnet de santé vaccinal digital du gouvernement pour renforcer les mesures de prévention contre ces maladies oubliées.  

Actuellement, il existe des lacunes et une incertitude palpable quant à la couverture vaccinale réelle des adultes, souligne-t-il. Sans nécessairement prioriser les vaccins pour tous, comme en pédiatrie, le chercheur pense que la mise en œuvre d’une politique vaccinale renforcée pour les adolescents et les adultes est la meilleure chose à faire.  

Il plaide également pour des campagnes d’information et de sensibilisation massives afin de mieux combattre ces pathologies. 

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Avec ETX Daily Up 

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