Natalité : les Françaises ont leur premier enfant plus tard

Une mère tenant son enfant dans ses bras
  • L’âge moyen des Françaises à la naissance de leur premier enfant a atteint un record en 2023
  • Le recul de la maternité est lié à des facteurs sociaux et économiques : études prolongées, carrière, précarité et choix personnels.
  • Des disparités sociales persistent, avec un âge de maternité plus tardif chez les femmes diplômées et cadres.
  • Ce report de la parentalité soulève des enjeux démographiques importants, notamment pour le renouvellement des générations et les politiques familiales.

La natalité baisse tandis que l’âge des mères lors du premier enfant progresse. Selon l’Insee, cette évolution de la maternité reflète un changement profond des choix familiaux, influencés par la précarité, les aspirations personnelles et les parcours de vie, marquant ainsi une nouvelle réalité sociale.

Premier enfant et natalité : vers une nouvelle norme sociale

Depuis plusieurs décennies, la natalité en France connaît une évolution marquée, avec un recul constant de l’âge auquel les femmes ont leur premier enfant. En 2023, cet âge moyen atteint 31,0 ans, un record jamais observé jusqu’alors, selon un rapport de l’Insee paru le 16 juillet 2025. Pour comprendre la portée de ce chiffre, il faut le comparer aux années 1970, où les jeunes femmes devenaient mères à 26,5 ans en moyenne. Ce glissement progressif traduit une transformation profonde des priorités de vie : études plus longues, carrière à construire, instabilité professionnelle ou encore désir d’épanouissement personnel avant d’envisager la maternité. Ce phénomène, loin d’être marginal, touche désormais l’ensemble des catégories sociales et s’impose comme une norme contemporaine.

Études supérieures, carrière : les choix de vie modifient la parentalité

Le lien entre niveau d’études et âge du premier enfant est aujourd’hui indiscutable. En 2022, 53 % des femmes âgées de 25 à 34 ans détenaient un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 46 % des hommes de la même tranche d’âge. Le parcours universitaire prolongé, suivi de l’insertion professionnelle, repousse logiquement le moment d’avoir un premier enfant. De plus, les femmes souhaitent désormais s’affirmer dans leur carrière avant de fonder une famille. Conséquence directe : les naissances chez les femmes de moins de 30 ans sont en net repli, révélant une tendance marquée à différer l’arrivée du premier enfant. Ce choix traduit une volonté affirmée de prendre le temps de construire sa trajectoire personnelle avant d’envisager la maternité.

Instabilité économique, précarité : des freins puissants à la maternité

Au-delà de l’allongement des études, les conditions économiques pèsent lourdement sur les décisions liées à la maternité. Logement, emploi stable, sécurité financière : autant de prérequis que de nombreuses femmes jugent essentiels avant d’accueillir un enfant. Dans un contexte où les jeunes actifs peinent à se projeter, il n’est pas surprenant que les naissances soient repoussées. Le taux de fécondité en France, passé de 1,99 enfant par femme en 2010 à 1,68 en 2023, en est l’illustration. La précarité n’incite pas à agrandir la famille : elle pousse à réfléchir, à différer et parfois à renoncer à devenir parent.

Maternité tardive : risques médicaux et recours aux techniques de procréation

Le recul de la maternité s’accompagne d’une hausse significative des naissances tardives. Aujourd’hui, une part croissante des naissances concerne des femmes âgées de plus de 30 ans, et cette tendance ne cesse de s’accentuer. Si cette tendance témoigne d’une plus grande liberté des femmes à disposer de leur corps, elle pose aussi des défis médicaux. Les risques liés à l’âge maternel — diabète gestationnel, hypertension, fausse couche — sont mieux connus, mais les progrès en matière de procréation médicalement assistée (PMA) permettent à de nombreuses femmes de concrétiser leur projet parental passé 38 ans. L’accès élargi à ces techniques en France reflète une adaptation des politiques de santé aux évolutions sociétales.

Des écarts sociaux toujours présents selon les catégories professionnelles

Bien que cette tendance au recul de la maternité touche toutes les classes sociales, des disparités subsistent. L’Insee observe que les femmes cadres ont leur premier enfant à 32 ans en moyenne, contre 28 ans pour les ouvrières. Ces variations reflètent la diversité des trajectoires de vie et montrent que chaque femme construit son projet parental selon ses priorités et ses opportunités. Cette diversité enrichit la compréhension de la parentalité aujourd’hui, qui se conjugue avec liberté et choix éclairés.

Évolution en chiffres de 1974 à 2023

Année Âge moyen au 1er enfant Taux de fécondité
1974 26,5 ans 2,0
1994 27,8 ans 1,66
2013 29,8 ans 1,99
2022 30,9 ans 1,79
2023 30,9 ans 1,68

Source : Insee, janvier 2024

Comme vous pouvez le constater, ces données mettent en évidence une évolution continue de l’âge de la maternité, avec une baisse parallèle du taux de fécondité sur cinquante ans.

Vers une parentalité choisie, assumée et différée

Ce que montrent ces chiffres, c’est que la parentalité n’est plus envisagée comme un passage obligé à un âge donné. Elle devient un projet volontaire, inscrit dans un parcours personnel où l’individu veut se sentir prêt, disponible et stable pour accueillir un enfant. Cette attente traduit un changement de mentalité : mieux vaut un enfant plus tard dans de bonnes conditions qu’un enfant trop tôt et dans l’instabilité. Les femmes, et les couples en général, prennent davantage le temps de mûrir leur décision parentale. Une évolution qui demande à être accompagnée par des politiques sociales adaptées à cette nouvelle temporalité.

Conséquences sur le renouvellement des générations et la natalité

Ce recul de la maternité soulève néanmoins des enjeux majeurs pour la société. Moins de femmes ont plusieurs enfants, et certaines n’en auront jamais. Cette évolution pourrait à terme fragiliser le renouvellement des générations. Face à cette réalité, les politiques familiales devront trouver un équilibre entre soutien à la natalité et respect des choix individuels. Encourager la conciliation vie professionnelle/vie familiale est aujourd’hui un levier indispensable pour garantir la pérennité du modèle démographique français.

Adapter les politiques publiques aux attentes actuelles

Il est impératif que les pouvoirs publics prennent en compte cette mutation sociale profonde. Le soutien à la parentalité doit aller au-delà des aides financières classiques. Il faut penser à des solutions concrètes : élargissement des horaires de crèches, flexibilisation du travail pour les parents, incitation à la parentalité inclusive et soutien psychologique. L’âge du parent ne doit pas être un obstacle mais un facteur d’adaptation. Une société qui valorise la diversité des parcours de vie est une société qui sait anticiper ses mutations démographiques.

Parentalité tardive : quel avenir pour nos familles ?

Le recul de l’âge au premier enfant interroge notre société et ses priorités. Comment adapter nos politiques pour accompagner tous les parcours familiaux, sans juger ni presser le temps ? Penser la parentalité de demain, c’est aussi repenser notre soutien aux familles, dans la diversité et la liberté de chacun.

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Sources :

https://www.tf1info.fr/education/l-age-auquel-les-francaises-ont-leur-premier-enfant-continue-de-reculer-selon-une-etude-de-l-insee-2383219.html

https://www.europe1.fr/societe/maternite-lage-auquel-les-francaises-ont-leur-premier-enfant-ne-cesse-de-reculer-764384

https://www.insee.fr/fr/statistiques/8608134

https://www.insee.fr/fr/statistiques/5432451

https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/sites/default/files/2024-03/vers-l-galit-femmes-hommes-chiffres-cl-s-2024-32097.pdf

https://www.insee.fr/fr/statistiques/7750004

https://www.insee.fr/fr/statistiques/4202277

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