Machinalement, beaucoup de parents apprennent à leurs enfants à dire « s’il te plait ». Certes, cela relève du savoir-vivre, mais qu’en est-il réellement de son utilité ? Est-ce un simple signe de politesse ? Ou un moyen de persuasion pour faire passer une demande difficile ? Une étude en nuance l’usage.
Dire « s’il te plait » : la formule magique pour obtenir tout ce qu’on veut ?
Du point de vue des enfants, dire « s’il te plait » est sans conteste un moyen d’obtenir ce qu’ils désirent. C’est du moins que les parents et les adultes leur apprennent. Cependant, en grandissant, beaucoup découvrent que cette « formule magique » est loin d’être aussi simple à utiliser.
Une étude américaine publiée dans Social Psychology Quarterly souligne même son aspect contre-productif. Les adultes réalisent que la politesse seule ne suffit pas à persuader les autres. La communication efficace requiert davantage : une compréhension mutuelle, une persuasion argumentée et de l’empathie.
Ainsi, l’idée simpliste de l’enfance évolue vers une compréhension plus nuancée de l’interaction sociale. Apprendre à naviguer dans ces eaux complexes est crucial pour réussir dans le monde adulte, où les demandes nécessitent souvent plus que de simples mots polis.
Signes de politesse et interactions sociales : une étude en nuance l’importance
Cette étude en question fut menée par des chercheurs de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Ces derniers ont basé leur conclusion sur une analyse minutieuse de 17 heures d’enregistrements vidéo.
Ces séquences enregistrées montrent des interactions entre membres de familles, amis et collègues dans diverses situations de la vie quotidienne. En examinant les mots utilisés, les expressions faciales et les comportements, les chercheurs ont pu dégager des tendances significatives en matière de socialisation.
Leur recherche cherche à montrer l’importance de comprendre les subtilités de la communication humaine, au-delà des simples mots de politesse. Cela nous permettra de mieux gérer nos relations personnelles et professionnelles.
Une expression peu utilisée chez les Américains, sauf pour imposer une demande
L’étude révèle que les Américains n’ont pas l’habitude de dire « s’il te plait ». En réalité, seulement 7 % des vidéos analysées en font mention. Ce constat montre clairement que son emploi est moins fréquent qu’on le croyait.
De plus, il apparaît que cette expression est souvent utilisée lorsque les locuteurs anticipent un refus de l’autre partie. Par exemple, une femme peut s’en servir pour inciter son mari à s’asseoir à table, malgré ses réticences manifestes. De même, un homme peut essayer de convaincre sa compagne d’effectuer une tâche en utilisant cette formule. Cela illustre son utilisation dans des situations où une demande est perçue comme potentiellement contrariante pour l’autre.
Enfants ou adultes, tous connaissent le pouvoir de ces « mots magiques »
L’étude montre aussi un parallèle intéressant entre le comportement des enfants et celui des adultes en matière de politesse. En effet, les plus jeunes ont l’habitude de dire « s’il te plait » aussi souvent que les adultes, et ce, dans des contextes similaires.
Une vidéo examinée par les chercheurs illustre cette observation : une adolescente se sert instinctivement de cette formule quand elle demande à sa mère de lui acheter une nouvelle robe. Or, elle sait pertinemment que sa requête a peu de chances d’être acceptée, compte tenu des refus passés de sa mère.
Cela démontre que les enfants, tout comme les grandes personnes, ont conscience de l’efficacité relative de la politesse dans la concrétisation de leurs demandes, même lorsque celles-ci sont susceptibles d’être recalées.
Un « outil » de persuasion selon le contexte social de la requête
L’analyse menée suggère que l’usage de cette expression va au-delà de la simple politesse pour entrer dans le domaine de la persuasion.
Selon Andrew Chalfoun, auteur principal de l’étude, cette formule représente bien plus que des signes ou des mots de courtoisie. Leur efficacité et leur utilité varient largement selon le contexte.
En d’autres termes, dire « s’il te plait » n’induit pas obligatoirement le respect ou la politesse. Au lieu de cela, cela peut être interprété comme une tentative de persuasion, une manière de convaincre l’interlocuteur d’accéder à une demande.
L’art du savoir-vivre : loin d’être un signe de bienveillance quand on est passif-agressif
La simple utilisation de formules de politesse est loin d’être un simple signe de respect et de courtoisie. Il est tout à fait possible de se comporter de manière désobligeante, voire irrespectueuse envers quelqu’un tout en respectant les règles élémentaires du savoir-vivre.
Notamment, les individus passifs-agressifs excellent dans cet art : ils parviennent à exaspérer leur entourage sans enfreindre les normes sociales apparentes. Dans leur discours, dire « s’il te plaît » peut représenter une forme d’insolence plutôt que de politesse.
Cette nuance souligne la complexité des interactions humaines et met en lumière la nécessité de comprendre les intentions et le contexte derrière les mots pour saisir pleinement leur signification dans une communication.
Apprendre aux enfants à relativiser les normes sociétales
Les chercheurs de l’étude encouragent tout un chacun à adopter une approche plus souple concernant les normes de politesse. Ils suggèrent que ces règles ne devraient pas être enseignées à nos enfants de manière rigide, car chaque communauté a ses propres mœurs définissant la conduite polie ou respectueuse.
Andrew Chalfoun souligne que ces normes sont transmises aux enfants et aux nouveaux membres d’une communauté.
Pour l’avenir, Chalfoun et ses collègues envisagent d’explorer si les mots de politesse sont effectivement respectés dans la vie quotidienne, ou si d’autres éléments plus tacites expliquent mieux le comportement des gens.
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Avec ETX Daily Up