Aux États-Unis, la mortalité maternelle est revenue à son niveau d’avant Covid. Mais, ne crions pas victoire trop vite ! Le nombre de femmes enceintes qui meurent à l’accouchement reste élevé dans certains contextes et pour certaines catégories de population, par manque de prise en charge ou d’accès aux soins.
Mortalité maternelle chez les Américains : en régression depuis la fin de la Covid-19
L’année 2022, le taux de mortalité maternelle aux États-Unis a commencé à régresser pour retrouver les niveaux observés en 2020. Selon les données communiquées par les autorités sanitaires américaines, cela survient après une augmentation notable pendant la pandémie de Covid-19.
Pour rappel, ce phénomène renvoie à tout décès qui survient durant la grossesse ou dans les 42 jours suivant sa fin, c’est-à-dire l’accouchement. Elle peut être causée ou aggravée par la grossesse en elle-même ou sa prise en charge, comme le définit l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Ce phénomène a donc montré une tendance à la baisse malgré les défis posés pendant et après la crise sanitaire. Ce retour à la « normale » résulte des efforts déployés pour améliorer les soins maternels et accroître l’accessibilité aux services de santé reproductive.
États-Unis : 817 sujets décédés en 2022 pendant et après la grossesse
Pour l’année 2022, le bilan de la mortalité maternelle aux États-Unis s’est largement amélioré avec 817 décès contre 1 205 décès enregistrés en 2021 et 861 décès de 2020.
Notamment, ce recul en a ramené le taux à 22,3 décès pour 100 000 naissances en 2022, comparé à 32,9 en 2021. Cela met en lumière les efforts titanesques déployés dans l’amélioration des soins obstétriques et l’accès aux services de santé reproductive. Ces données récentes indiquent une tendance encourageante vers une réduction des risques liés à la grossesse et à l’accouchement.
Un manque de prise en charge rendant le bilan pas si positif que cela
Malgré cette amélioration significative en 2022, Verda Hicks, présidente de l’association américaine des gynécologues et obstétriciens, relativise. Cette « bonne nouvelle » est loin de représenter une solution immédiate et imminente au problème de mortalité maternelle, surtout compte tenu des disparités dans la prise en charge.
Hicks insiste sur le fait que des inégalités persistent dans l’accès aux soins obstétriques, affectant particulièrement les communautés marginalisées et défavorisées.
Un niveau de décès qui reste élevé par rapport aux autres pays riches
Malgré ces progrès notables, le taux de mortalité maternelle aux États-Unis reste nettement supérieur à celui des autres pays riches. De même, les disparités persistent également de manière alarmante selon les groupes de population. En 2022 par exemple, ce niveau s’élevait à 49,5 décès pour 100 000 naissances parmi les femmes noires, tandis qu’il était de 19 décès parmi les femmes blanches.
Cette inégalité reflète des défis persistants dans l’accès aux soins de santé maternels de qualité pour les communautés afro-américaines et d’autres minorités ethniques. Cette réalité met en lumière l’importance cruciale de poursuivre les efforts visant à réduire les inégalités raciales en matière de santé maternelle.
Morts à l’accouchement durant la pandémie : un pic qu’on doit au manque d’accès aux soins
Verda Hicks précise que le pic de mortalité maternelle observé pendant la pandémie était attribuable aux obstacles d’accès aux soins pour les patientes. Cela eut pour effet d’exacerber les inégalités déjà présentes.
Dans la foulée, elle s’inquiète quant à une possible augmentation des décès à l’accouchement ou durant la grossesse dans les États où des restrictions sur l’avortement ont été imposées à la suite d’une décision de la Cour suprême à l’été 2022.
Ainsi, Hicks a mis en lumière les effets néfastes de telles politiques sur la santé maternelle, soulignant la nécessité de préserver l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive pour toutes les femmes. Cela garantirait des conditions de grossesse et d’accouchement sûres et équitables pour toutes.
De l’importance du droit à l’avortement des femmes enceintes pour traiter les complications
Verda Hicks met en lumière l’importance cruciale de l’accès à l’avortement afin de prévenir et de traiter les éventuelles complications pendant la grossesse. Elle insiste sur la nécessité de protéger le droit des femmes à prendre des décisions médicales cruciales pour leur santé reproductive. Elle déclare que refuser d’administrer ces soins compromet incontestablement la vie des patientes.
Après avoir été privées de cette intervention médicale en dépit de leur état critique, des femmes enceintes ont entamé des procédures judiciaires dans plusieurs États. Selon elles, les médecins craignaient des poursuites judiciaires.
Une enveloppe de 100 millions de dollars pour améliorer la santé des mères et des enfants
Face à cette situation, le ministère de la Santé américain a dévoilé un financement substantiel de 100 millions de dollars à destination d’une centaine d’organisations engagées dans l’amélioration de la santé des mères et des enfants à travers tout le pays.
Cette initiative vise à réduire les disparités en matière de santé en garantissant des conditions sûres et saines pour la grossesse et l’accouchement, indépendamment de critères tels que la race, la langue parlée à domicile ou le lieu de résidence.
Le ministre de la Santé, Xavier Becerra, a souligné dans un communiqué que chaque femme devrait avoir accès à des soins maternels de qualité, quel que soit son contexte socio-économique ou ethnique.
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Avec ETX Daily Up