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Lait maternel de labo : le nouveau défi de l’alimentation cellulaire

Une maman en train de nourrir son bébé au lait maternel.

Avec une demande qui ne cesse de croître en lait maternel, sa version de laboratoire peut entre autres devenir une alternative pour les mères inaptes à allaiter - Photography Anastasiia Stiahailo / Getty Images©

La startup australienne Me& dévoile au grand jour son tout premier lait maternel de laboratoire : enrichi de prolactine et fait de cellules mammaires. Un produit qui bouscule l’éthique sociale, mais une alternative inespérée aux formules infantiles trop souvent en pénurie ? Les avis sont mitigés.

Le lait maternel alimentaire pour faire face à une pénurie ?

Dans un récent communiqué à Melbourne, Me& annonce le développement de son premier lait maternel de laboratoire. Bien que cette nouvelle résonne comme une exclusivité, la startup australienne n’est pas la première à avoir conçu un tel produit. En 2021, une entreprise américaine, en Caroline, avait élaboré du lait maternel sous microscope. Ce projet avait reçu le plein soutien de Bill Gates.

Même si elle constitue un sujet à controverse, cette innovation alimentaire permettrait de faire face à une demande de lait maternel qui ne cesse de croitre partout dans le monde. Aux États-Unis, celui-ci est de plus en plus plébiscité comme alternative aux produits de puériculture. Le pays fait face à une importante pénurie de formule infantile depuis le printemps 2022. Et en France, près de 55 000 bébés prématurés naissent par an. Ils ont besoin de lait maternel pour survivre durant leurs premiers mois de vie. Or les lactariums du pays et les associations SOS préma manquent de stock depuis la reprise postcovid en 2022.

Un produit de laboratoire aux propriétés médicales ?

Le lait maternel conçu en éprouvette a joui d’une importante mise en avant suite à l’ouverture d’un institut de recherche en octobre 2022, en Californie. Celui-ci se consacre notamment à l’identification des éventuels bienfaits de ce produit à polémique. L’objectif est de trouver des preuves scientifiques de son utilité médicale pour le traitement de maladies chroniques (infections cardiaques, cancer du sein, etc.).

Cette initiative part du principe que le lait maternel « originel », riche en acides gras essentiels, en calcium et en protéines, présente sans conteste de multiples bienfaits pour le bébé : prévention des allergies des nouveau-nés, prévention des infections, des rhumes et des gastroentérites chez le nourrisson. Dans sa version de laboratoire, l’institut tentera alors de déterminer son intérêt médical pour les adultes.

Un élixir issu de culture de cellules et enrichi de prolactine

Même si ce lait maternel pour bébé est mal perçu sur le plan sociétal, il provoque un engouement dans l’univers scientifique. En novembre dernier, un article paru dans la revue The Conversation (de Ruth Purcell et Bianca Le de l’université de Melbourne) expliquait en détail le processus de développement de ce produit lacté.

En outre, il est issu d’une culture de cellules de glandes mammaires (tirées du lait maternel) nourries avec des nutriments. De là, on obtient un tissu mammaire à placer dans un bioréacteur pour donner une structure similaire au canal mammaire. Puis, on y injecte de la prolactine (hormone de la sécrétion lactée) pour obtenir le fameux lait maternel de laboratoire. Éventuellement, on y ajoute quelques composants bénéfiques et nutritionnels présents dans le lait maternel « originel ». Cela concerne les anticorps, les bonnes bactéries, les cellules souches ou les cellules immunitaires.

Alternative aux formules infantiles : les études se multiplient

Les startups qui travaillent sur le développement de ce produit alimentaire commencent à se faire légion. Et chacun possède leur propre procédé de fabrication. Par exemple, les enseignes TurtleTree Labs et Better Milk se concentrent sur les cellules mammaires extraites de vache pour créer leur formule de poudre cellulaire artificiel. Cela renvoie-t-il à une application de reproduction du lait maternel ? Cela reste à voir.

Pour bon nombre de chercheurs, ce sujet éthiquement délicat demeure une piste de développement prise avec beaucoup de sérieux. Le chapitre de cette innovation cellulaire débute à peine et n’est pas prêt de se clore.

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Avec ETX Daily Up

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