L’infertilité demeure un sujet de société « tabou » bien qu’elle touche plus de 3 millions de Français. Malgré leur désir d’enfant, ceux-ci doivent traiter avec de multiples troubles de fertilité et des grossesses inabouties même avec des aides médicales, sans réellement en comprendre les causes.
Infertilité : l’heure est à l’information !
En février 2022, le gouvernement Français avait reçu un rapport qui s’inscrivait dans le prolongement de la loi bioéthique du mois d’août 2022. Celui-ci proposait un plan national de lutte contre l’infertilité. Comme introduction, le professeur Samir Hamamah, responsable du service reproduction humaine et fertilité au CHU de Montpellier, y présente l’infertilité (tout aussi « tabou » que le deuil périnatal) comme un fait de société impactant tant dans l’individuel que dans le collectif.
Pour la première fois, on y met en lumière toutes les causes susceptibles de générer cet état. Le professeur souhaite ainsi apporter des éclaircissements sur les éléments favorisant le phénomène et les limites de l’AMP (assistance médicale à la procréation). Il précise que l’objectif est d’informer et non, d’inquiéter ou de culpabiliser les esprits. Viriginie Rio, fondatrice du collectif Bamp et organisatrice de la 8e semaine de sensibilisation à l’infertilité, martèle que c’est un problème de santé publique à vulgariser.
Le recul d’âge de la maternité : une des principales causes
En France et dans de nombreux pays développés, 25 % des couples avec un désir d’enfant sont dans l’incapacité de conclure une grossesse après 12 mois d’essai. Cela correspond notamment au délai minimum d’infertilité préconisé par l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Il faut dire qu’en Hexagone, on ne compte pas moins de 3,3 millions de personnes concernées. Le taux d’infertilité chez les hommes et les femmes n’a eu de cesse de grimper partout générant une baisse de natalité non négligeable.
La cause est que ces dernières années, on constate une maternité tardive. En moyenne, les femmes donnent naissance à leur premier enfant à 30,8 ans en 2020 alors qu’en 1977, on en était à 24 ans environ. Or la fertilité de la gent féminine commence à régresser à partir de la trentaine et ce déclin prend d’autant plus d’élan dès 35 ans.
L’aide médicale à la procréation assistée : prétexte à la grossesse tardive ?
Compte tenu de la situation et des causes d’infertilité, comment expliquer ainsi le fait que les Françaises osent enfanter si « tard » ? Selon les spécialistes, c’est parce que les gens accordent une confiance aveugle aux aides médicales AMP afin de compenser les revers de l’âge. On enregistre par exemple 123 000 tentatives par FIV (fécondation in vitro) sur le territoire français en 2020.
Pourtant, Joëlle Belaisch-Allart, présidente du collège national des gynécologues et obstétriciens, souligne que cette méthode est loin d’être infaillible. Les chances de réussite sont faibles, sans compter le fait que ce sont généralement des grossesses à risque. Auprès des centres d’AMP du pays, seulement 20 % des tentatives aboutissent à une naissance. De plus, les résultats des FIV demeurent peu engageants passés les 38 ans.
D’autres facteurs favorisent les troubles de fertilité
Mis à part l’âge, cette incapacité à conclure une grossesse peut se manifester également pour des raisons médicales. Le rapport parle de pathologies comme l’endométriose et le syndrome des ovaires polykystiques chez la femme. On dénote aussi des facteurs aggravants en rapport avec le mode de vie comme la consommation excessive de tabac ou d’alcool, une situation d’obésité, etc.
Entre aussi en jeu une dégradation de la qualité du sperme dû à l’environnement de vie. Plus d’une étude met notamment en évidence le lien intrinsèque entre les troubles de la fertilité et certaines catégories de substances chimiques. En 2017, une méta-analyse menée sur les hommes d’Occident confirme que la concentration de spermatozoïdes de leur sperme a régressé de moitié en environ 40 ans (1973 à 2011).
Pousser les couples à manifester un désir d’enfant plus tôt ?
Le professeur Hamamah admet qu’il existe des mesures simples et peu onéreuses permettant de faire face au défi de l’infertilité. En effet, au-delà des causes, le souci réside dans un défaut d’informations. Pour Belaisch-Allart, elle déplore le fait que beaucoup de femmes tentent d’avoir leur premier enfant à la quarantaine sans savoir pourquoi il n’y a pas grossesse.
Dans le rapport, le professeur préconise comme mesures une sensibilisation régulière du public, en commençant dès le collège. Le but est d’apprendre aux Français la physiologie de la reproduction humaine et de leur faire comprendre les enjeux de l’infertilité avec l’âge.
Toujours dans le document, on propose la mise en place de consultations ciblées. Ces dernières permettront à tout un chacun d’identifier les possibles facteurs de leurs troubles de fertilité et de faire le nécessaire pour y remédier.
La bioéthique peut-elle aider les femmes à tomber enceinte ?
Bien que les points soient mis sur les « i », l’État ne semble pas encore enclin à déployer les mesures qu’il faut pour lutter contre l’infertilité. Virginie Rio décrie notamment l’absence d’agenda sur la question.
Il est vrai que la loi bioéthique a insufflé la possibilité de congeler des gamètes (ovocytes ou spermatozoïdes) sans devoir fournir une raison médicale. Cependant, cette option n’est pas encore disponible auprès des centres privés. Elle se cantonne aux établissements publics où, pour décrocher un rendez-vous, il faut attendre 3 à 6 mois. Pour la fondatrice du collectif Bamp, c’est du temps inutilement perdu face à un désir d’enfant grandissant.
Pour d’autres actualités sur la grossesse et la petite enfance, rendez-vous sur notre page Twitter Badabim.
Avec ETX Daily Up