De nos jours, les prénoms d’enfants tendent à se décliner sous toutes les formes. La tendance est à la diversité et à l’originalité. De plus en plus de parents veulent nommer leur enfant de manière unique : certains s’inspirent d’autres pays et d’autres cultures, tandis que d’autres jouent sur la graphie.
France : des prénoms d’enfants de plus en plus uniques
Depuis quelques années déjà, on observe une tendance de plus en plus marquée pour les prénoms d’enfants personnalisés. De Mattëo à Elyo ou de Matilde à Loeiza, les parents semblent se tourner davantage vers la diversité quand vient le moment de baptiser leur nouveau-né. Non seulement, ils optent pour des appellations originales, mais aussi, ils sont de plus en plus nombreux à en singulariser la graphie.
Dès lors, cela a le don de remanier entièrement le classement des noms de baptême les plus populaires. Notamment, en 2023, ce palmarès était dominé par « Louise » et « Gabriel ».
D’après l’ouvrage « Sociologie des prénoms », 75 % des filles et garçons se partageaient 50 appellations au XIXe siècle. Or, de nos jours, le plus courant n’était attribué qu’à 1 % des filles dans l’année.
Une diversité patronymique que l’on doit aux flux migratoires et au besoin d’individualisme
Jean-François Amadieu, professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, révèle que le nombre de prénoms d’enfants donnés demeure un indice d’individualisme au sein d’une société. De nombreux parents aspirent à baptiser leur progéniture d’un prénom distinctif et original, symbolisant leur unicité.
En outre, les flux migratoires internationaux entraînent une explosion de noms aux orthographes différentes. On doit cette diversité aux adaptations phonétiques nécessaires pour intégrer les alphabets étrangers. Baptiste Coulmont, professeur à l’Ecole Normale Supérieure Paris Saclay joute que le stoïcisme orthographique s’associe souvent à un principe des personnes très diplômées. D’autres, en revanche, accordent moins de valeur à cette précision et adaptent l’écriture du prénom selon leur propre interprétation phonétique.
Un palmarès dominé par Louise chez les filles et par Gabriel chez les garçons
En 2023, les prénoms d’enfants féminins les plus populaires revenaient à Louise, Ambre, Alba et Jade, tandis que Gabriel, Raphaël, Léo et Louis dominaient chez les garçons. Nous devons ces observations à l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques).
Emma, Rose, Alma, Alice, Romy et Anna enrichissent ces préférences, reflétant une diversité de choix pour les filles. Pour les garçons, Maël, Noah, Jules, Adam, Arthur et Isaac complètent le Top 10.
Publiée par l’Insee en juillet 2024, cette variété d’appellations illustre parfaitement les tendances actuelles en matière de dénomination des nouveau-nés. En d’autres termes, on observe un penchant pour l’originalité et la modernité, mais sans passer à la trappe les noms traditionnels et intemporels.
La graphie qui propulse plus d’un prénom en haut de classement
Dû au flux migratoire, la graphie vient donc enrichir la diversité des prénoms d’enfants en France.
Par exemple, Alya, en tenant compte de ses 22 variantes orthographiques (Aliyah, Alliah, etc.), passe du 40e au 7e rang. De même, Elio, avec ses déclinaisons (Elyo, Helio, etc.), grimpe du 31e au 9e rang, selon les données du Figaro.
Cependant, cette tendance à modifier l’orthographe complique le classement. Par exemple, si on considère ses déclinaisons (Hanna, Ana, Hana, Hannah, Hanaa, Anah, etc.), Anna demeure le prénom féminin le plus populaire. Mia, classée 13e selon l’Insee, se positionne au deuxième rang lorsqu’on prend en compte ses variantes (Mÿa, Miyah, Miah, etc.), comme l’a calculé le service data du Figaro.
Avant l’année 1993, l’officier d’état-civil avait le droit de rectifier l’orthographe des noms donnés. Cependant, depuis cette date, il doit les enregistrer selon la graphie imposée par les parents.
Le choix de la singularité pour pouvoir se distinguer dans la société
Par quoi expliquer ce désir ardent de singularité en matière de prénoms d’enfants ? C’est parce que le prénom représente aujourd’hui un signe d’individualisme. Il permet à une personne de se démarquer dans un groupe : à l’école comme au travail. Cette tendance contraste avec la période d’avant les années où l’on se faisait appeler par son nom de famille.
Mère de famille, Élodie a choisi de nommer ses enfants Loeiza, 9 ans, et Iwen, 5 ans. Elle explique cette décision du fait que leur nom de famille court les rues. Ajoutez à cela le fait que son mari Frédéric a un quartier avec une appellation homonyme et qu’elle partageait son prénom avec deux ou trois filles de sa classe. Dès lors, le couple voulait offrir plus d’originalité à ses enfants.
Ewen leur plaisait beaucoup, mais ils craignaient que beaucoup de personnes l’aient déjà, d’où le changement de lettre.
Une originalité qui fait sortir l’enfant du lot, mais pas sans risque
Bien qu’elle permette de se distinguer, l’originalité comporte des risques. Certes, les parents sont motivés par de bonnes impressions. Cependant, des études montrent que des prénoms d’enfants avec des graphies non conventionnelles favorisent le rejet. Pour cause, le cerveau humain n’est pas accoutumé à ce qui est compliqué, explique Anne-Laure Sellier, professeure à HEC. Par exemple, Matilde devra constamment expliquer l’absence de H dans son nom.
Jean-François Amadieu, auteur des « Clés du destin », précise que le patronyme ou le prénom se positionne premier des facteurs de moquerie à l’école. Or, il s’agit d’une période cruciale pour le bien-être de l’enfant.
Les parents sont convaincus que le choix du prénom leur revient. Toutefois, il ne faut pas oublier que c’est l’enfant qui devra l’assumer et les autres qui l’utiliseront.
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Avec ETX Daily Up